La «Voix des sans-papiers» lance un appel urgent à l’hospitalité

A l’instar de Los Angeles ou New York, Liège se déclarera-t-elle un jour « ville sanctuaire » ou « hospitalière » en réaction à une politique fédérale d’exclusion des migrants ? « Nous avons à Liège une tradition d’accueil de l’étranger qu’il est bon de réaffirmer et de concrétiser, déclare France Arets, membre du comité de soutien des sans-papiers, qui pousse un cri d’alarme. D’ici la fin juin, le bâtiment occupé par la centaine de personnes du collectif “La Voix des sans-papiers” doit être vidé alors qu’il vient d’être vendu par la Ville à l’EFT “Le Perron”. En dépit de plusieurs contacts que nous avons eus avec le bourgmestre, nous n’avons toujours pas trouvé de bâtiment pour héberger la centaine de sans-papiers et prolonger les activités culturelles. Or, il y a des familles qui ont besoin de stabilité et qui sont ici, en Belgique, depuis 5 à 15 ans sans jamais avoir reçu de titre de séjour. » Dans la salle commune d’un des pavillons de l’ancienne annexe de l’école d’horticulture, Alain Hendrick accompagne des enfants scolarisés dans le quartier. « Pour pouvoir partir en classe verte avec ses camarades de l’école communale André Bensberg, Assif (8 ans et demi) a imaginé de vendre des produits de lessive écologique qu’il fabrique lui-même. Je trouve cela très créatif », explique Alain Hendrick qui, avec d’autres personnes, aide aussi Lilyanna, 10 ans et demi. « Je suis fatiguée de vivre ici, d’être une enfant sans papiers. J’ai envie de vivre, d’être libre, d’avoir de la joie comme tout le monde », déclare la jeune fille, qui hésite à inviter ses copines et copains au sein de l’occupation parce que « c’est un peu la honte ». « Nous essayons de sortir avec eux un maximum et nous voulons que toutes les activités générées au sein de l’occupation puissent continuer », poursuit Alain Hendrick. « Je n’arrive pas toujours à bien étudier ici et puis surtout j’aimerais que l’État trouve une solution pour moi ; j’ai 17 ans, je suis en Belgique depuis 2009 et sans papiers, je ne peux pas continuer mes études à partir du mois de décembre prochain, explique Ruth. Je veux continuer à avancer dans la vie ! » Théâtre, peinture, écoles de devoirs, apprentissage du français, potager : des bénévoles proposent des ateliers à ces personnes qui n’ont pas droit à grand chose. Pierre-Etienne, alias Pavé, en fait partie. Le comédien, militant au PTB, est révolté. « Comment est-il encore possible aujourd’hui de loger cent personnes dans des baraquements alors que nous sommes dans une société qui crée autant de richesses ! » « Nous voulons continuer à nous battre pour réclamer nos droits à l’asile », déclare Nadine qui a dû quitter le Congo avec ses enfants après que son mari a été tué. Elle n’a jamais eu de papiers. « Le contexte politique est très difficile au niveau fédéral pour exiger une vaste campagne de régularisation des sans-papiers en Belgique. Nous espérons que la donne va changer en 2019, déclare France Arets. D’ici là, nous espérons pouvoir à la fois continuer le combat et l’accueil décent de toutes ces personnes qui ont fui leur pays. » Alors que d’autres villes européennes se déclarent « hospitalières » en réaction aux politiques anti-migrants, le comité de soutien veut que Liège s’inscrive dans la même démarche. « Il y a plus de mille sans-papiers à Liège, il faut les régulariser car leur situation profite à ceux qui exploitent la main-d’œuvre à bon marché, déclare le conseiller Écolo Guy Krettels. En attendant 2019, l’occupation doit pouvoir continuer. » La Ville, et le bourgmestre en particulier, cherche des solutions (lire ci-dessous). Mais rien de concret ne se profile à l’horizon. « Nous y travaillons, fort du mandat donné par le conseil communal, déclare-t-on au sein du cabinet du bourgmestre. Nous voulons trouver un site d’accueil digne et qui puisse perpétuer la dynamique culturelle initiée à Burenville. »

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