Un concert pour célébrer la diversité

Les choristes slaloment entre les langues sur leurs partitions en français, néerlandais et anglais. « Et si c’était l’amour ? », fredonnent les altos dans une version trilingue du morceau « Seasons of Love ». Il y a aussi « True Colors » de Cindy lauper, « War » de Bruce Springsteen interprétés par une quarantaine de chanteurs autour du piano de Stijn Kolacny. Ce Flamand connu pour sa chorale Scala a accepté de diriger cet ensemble totalement nouveau formé pour le concert du dimanche 7 mai, place des Palais, à Bruxelles. « La Belgique c’est nous » rassemble toutes les origines et toutes les couleurs de peau pour un spectacle sur la tolérance et la diversité. L’ensemble est accompagné de l’Orchestre National de Belgique et d’artistes engagés Ozark Henry, Viktor Lazlo, Marie Daulne, Sandra Kim, Typh Barrow… Le répertoire se compose de tubes pop rock sur les thèmes de la solidarité et de l’amour. Un projet à l’initiative de la chanteuse flamande Els de Schepper. [scald=2747403:sdl_editor_representation] Il y a quelques années, elle avait rassemblé des juifs et des musulmans dans une même chorale. « J’ai eu envie de refaire la même chose. Mais comme les problèmes de vivre ensemble ont pris plus d’importance, il me fallait un groupe plus grand. Ça fait deux ans que je prépare ce spectacle. » Premier défi : trouver des artistes qui acceptent de monter sur scène bénévolement. La Française Viktor Lazlo accepte de chanter « pour la Belgique ». « Lorsque Els m’a proposé le projet, je n’ai pas hésité une seconde. Déjà j’approuve le principe parce que je trouve que c’est une bonne idée de se servir de la musique comme un liant entre les cultures, les religions et les idéologies politiques. La musique a toujours permis d’effacer les conflits. C’est une déclaration d’intention, c’est dire : non, je ne me laisserai pas impressionner par ceux qui sèment le chaos. » La chanteuse fait allusion aux attentats en France, en Belgique et ailleurs dans le monde. « La Belgique c’est nous, c’est l’expression même du message qu’on poste partout depuis qu’il y a des attentats terroristes partout : “ je suis Charlie”, “je suis Paris », “je suis Tunisien”… Je serai belge car c’est ici que des artistes montent sur scène pour porter un message. Nous sommes liés par une même volonté de ne pas se laisser intimider, de ne pas se laisser plonger dans la violence. » Aux côtés des artistes, les chœurs se composent de chanteurs professionnels recrutés dans toute la Belgique grâce aux réseaux « Koor & Stem », « À Cœur Joie » et « Musikverband Födekam Ostbelgien ». « C’était ouvert à tout le monde, à condition de savoir lire une partition, explique Stijn Kolacny. On a fait un petit casting mais le but était d’avoir le chœur le plus diversifié possible. On veut une chorale dynamique, qui ne soit pas figée. » Seul impératif pour les membres, se déplacer plusieurs fois le soir en semaine à Bruxelles pour les répétitions avec l’Orchestre National de Belgique. Quel impact peut avoir un concert comme celui-ci ? « Je voudrais que pour une fois on regarde son voisin et qu’on ose lui parler, demande Els de Schepper. Si Mohamed El Bachiri qui a perdu sa femme Loubna dans l’attaque du métro à Maelbeek pouvait venir parler de son “djihad de l’amour” sur scène ce serait un beau cadeau en plus. » Selon Viktor Lazlok, le chant est un vecteur de rapprochement. « Lorsqu’on écoute une mélodie, on est pris par un élan émotionnel donné par 50 musiciens et les chœurs. On ressent avant d’écouter. Pendant ce temps, on est ensemble. Si on est capable d’être ensemble face à ça, on est capable d’être ensemble, un point c’est tout. » Après le 7 mai, le projet pourrait perdurer. « Mon idée c’est que cet ensemble continue », conclut Els de Schepper. « Il faudrait que ça existe partout », ajoute Viktor Lazlo.

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