Et si Le Pen était présidente
Et si, contre toute attente, le Front national déjouait tous les sondages et s’installait à la tête de l’État ? La patronne du parti d’extrême droite a donné plusieurs indices qui permettent de jeter les grandes lignes d’une présidence FN.

Prenons la mesure un instant. Contre toute attente, déjouant tous les sondages, Marine Le Pen a remporté l’élection présidentielle française d’une très courte avance. Un ultime bras d’honneur à un front républicain fatigué et à un Emmanuel Macron qui se voyait déjà confortablement installé dans le fauteuil de l’Elysée. Ceux qui avaient prédit la victoire de l’extrême-droite, secouant les épouvantails de Trump et du Brexit se gaussent.
S’étant déjà saisi des rênes d’une dizaine de mairies aux dernières élections municipales, le Front national se retrouve propulsé à la tête de l’Etat. Les multiples manifestations et émeutes à l’annonce du résultat n’y ont rien fait : François Hollande remettra bien, dans une semaine, les clefs de l’Elysée à Marine Le Pen. Au Front national, après la liesse et les interventions en cascade de Florian Philippot sur les chaînes d’information en continu, la question se pose : comment mettre en place cet État frontiste ?
La victoire du FN le 8 mai n’est pas l’hypothèse la plus probable, certainement pas la plus souhaitable. Mais sait-on jamais ? Sans se lancer dans un récit de pure « politique fiction », la patronne du parti d’extrême droite a donné plusieurs indices qui permettent de jeter les grandes lignes d’une présidence FN.
Le mystère du gouvernement
Avec le ralliement du mouvement Debout la France, Marine Le Pen n’a pas laissé de doute quant à l’identité de son Premier ministre. C’est Nicolas Dupont-Aignant qui sera chargé de composer le nouveau gouvernement. Alors candidat, celui qui se réclame du gaullisme « républicain et social », n’avait pas hésité à critiquer vertement le programme de Marine Le Pen, le qualifiant tour à tour d’« excessif » voire de « dramatique ». L’accord de gouvernement conclu entre la patronne frontiste et Dupont-Aignan laisse penser qu’il a négocié des places au gouvernement pour les cadres de Debout la France. Du moins ceux qui n’ont pas claqué la porte après le ralliement de leur leader au parti d’extrême droite.
Ce qui est certain c’est qu’aucun membre de la famille de Marine Le Pen ne sera de la partie. Louis Aliot, son compagnon, et Marion Maréchal Le Pen, sa nièce, n’obtiendront aucun poste au gouvernement. « Famille et politique ne font pas bon ménage aux yeux des Français », avait ironisé Marine Le Pen en réaction au Penelopegate. D’autres noms circulent au sein de la famille frontiste : David Rachline, Steeve Briois, Florian Philippot…
Le grand défi des Législatives
Une fois l’équipe provisoire en place, le plus grand défi sera de parvenir à se constituer une majorité le 18 juin prochain. Car pour le moment, à l’Assemblée nationale, le FN ne compte que deux représentants sur les 577 élus : Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard. Florian Philippot, numéro deux du parti, croit à la possibilité d’une « vague Bleu Marine ». Son optimisme n’est pas complètement vain : au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen est arrivée en tête dans 216 circonscriptions françaises. Et a raflé plus de 30 % dans 83 d’entre elles. L’alliance avec Debout la France pourrait permettre à la présidente du Front national de rafler une ou deux circonscriptions supplémentaires.
Quoi qu’il en soit, la prochaine Assemblée nationale sera élue au scrutin majoritaire. Un mode de scrutin loin d’être favorable au Front national.
Dissolution et référendum
En cas de défaite aux Législatives, la présidente frontiste fraîchement élue serait bien embarrassée. Obligée de composer avec le mouvement d’Emmanuel Macron (s’il parvient à se mettre en ordre de bataille pour les Législatives) ou avec Les Républicains (s’ils parviennent à remettre de l’ordre au sein de leur famille), elle risquerait une cohabitation. Difficile dans ce cas-ci de mettre en œuvre son projet. Sauf que. Le Canard enchaîné a révélé que Marine Le Pen adopterait une stratégie lui permettant de contourner l’obstacle de la cohabitation. Si la nouvelle Assemblée nationale lui est hostile, elle changerait la loi électorale grâce à un référendum organisé dès l’été. « Puis elle dissoudra ensuite l’Assemblée », a révélé le député européen frontiste Gilles Lebreton.
L’idée du FN de proposer le scrutin à la proportionnelle via un référendum n’est pas neuve. Elle a prouvé son attachement à ce mode de consultation populaire lors de sa campagne en annonçant qu’elle « s’en remettrait au peuple » pour la question de la sortie de l’Union européenne et la préférence nationale.
Si les Français se prononcent pour la mise en place d’une proportionnelle intégrale, le Front national pourrait alors espérer devenir majoritaire en sièges. Et imposer dès lors un changement radical à la tête de l’État.
L’Europe, la grande inconnue
Repoussant les frontières du flou lors du dernier débat télévisé face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen devra très rapidement clarifier son projet européen. D’autant plus qu’elle l’a inscrit en tête des mesures les plus urgentes qu’elle prendra une fois à la tête de l’Etat. Au programme : une négociation avec Bruxelles pour se dégager au plus vite de l’application des directives européennes, mener une politique économique de préférence nationale, suspendre les accords de Schengen et rétablir les contrôles aux frontières nationales.
Toutefois, il ne serait plus question de faire de la sortie de l’Union européenne et de l’abandon de l’euro une priorité, l’accord passé avec Nicolas Dupont-Aignant a refroidi les ardeurs du Front national concernant un éventuel « Frexit ». En revanche, au placard les drapeaux européens, le drapeau tricolore s’affichera désormais seul.
Après les félicitations d’usage de Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, quelle stratégie européenne pour le gouvernement frontiste ? Et quelle réponse de la part de la Commission ? Plus d’une fois, Marine Le Pen a exprimé sa volonté d’en finir avec la directive travailleurs et d’instaurer une préférence nationale. On peut avancer sans se tromper que la Commission lancerait rapidement des procédures d’infraction, les mesures de la patronne du FN allant contre les principes de non-discrimination et de libre circulation des travailleurs européens dans l’Union.
Une politique anti-immigrés
La mesure phare de la candidate frontiste est de limiter l’immigration à 10.000 personnes par an. Le FN entretient volontairement le flou sur ce chiffre symbolique, parlant tantôt du nombre de migrants légaux, tantôt du solde migratoire.
Pour atteindre son objectif, le Front national durcirait rigoureusement les conditions de regroupement familial et d’accession à la nationalité par le mariage. La candidate souhaite par ailleurs en finir avec le droit du sol et l’aide médicale d’urgence pour les sans-papiers, des « pompes à migrants ».
Réalisable ? Sauf à avoir consommé le Frexit, il serait impossible de supprimer le regroupement familial et compliqué de le restreindre car il est encadré par une directive européenne. Le rétablissement strict du contrôle des frontières peut permettre de restreindre le flux migratoire des demandeurs d’asile mais mettra la France dans la position hongroise : avec un système à la limite de l’illégalité et dans l’irrespect de ses engagements européens (relocalisations et réinstallations). Donc avec une procédure d’infraction à la clé.
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S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir3 Commentaires
Il faut arrêter de faire peur !!!!!! Tout le monde sait que c'est Macron qui passera.......
Ceux qui ont suivi Macron sur Médiapart ce soir du vendredi 5 mai, se sont rendu compte que ce sera bien lui qui l'emportera ce 7 mai. On peut ne pas être d'accord avec son orientation politique, que d'aucun prétendent être la continuité de la politique instillée par Hollande, ce qui ne sera pas le cas s'il respecte ce qu'il a affirmé sous le feu des questions des journalistes de Médiapart, et que d'autres prétendent reconnaitre en Macron l'incarnation d'une droite qui ne peut que faire le bonheur des banquiers et des multinationales.. Macron de toute façon a l'envergure, la carrure et l'intelligence pour assurer le prestigieux poste, ce que Marine Le Pen n'a pas et n'aura jamais. Les français ne sont pas tous des veaux ni ni des abrutis ni des demeurés. La Fille du vieux nazi ne fera pas plus que 40%, plutôt moins même. Avec ou sans ses hordes de fachos elle sera dans les cordes dimanche soir...
Quelle exemple de bonne conduite à votre réaction: Des mots comme nazi, fachos, et on vous publie, honte à vous, il n'y a pas de nazis en France, ni moins de fachos. Regardez votre image dans le monde, ce n'est pas celle que vous croyez avec ces éditoriums tels que les droits de l'homme, la sécu......Il n'y a pas de patriotisme en France, plus d'identité telles que nos aïeuls ont pu connaitre. Vous ne voyez que votre image dans l'hexagone, celle que vous vous inquiétez de votre voisin sur vous ou quand vous courez à la caisse pour arriver avant l'autre. C'est chacun pour soi en France, il est trop tard, les immigrés nés en France, étant allé à l'école en France, travaillant en France, prennent un camion ou des armes, et tuent des innocents, et vous faites quoi? ben rien, faut y faire face faut suivre françois le bisounours et se laisser tuer gratuitement à cause d'étrangers qui n'ont la place qu'ils espérent avoir en France. Ca c'est un gros probléme que vous et les autres avaient de la merde dans les yeux. La fille du nazi l'avait prédit, un grand homme! Une guerre civile si marine passe, tant mieux, on verrait le vrai visage de l'immigration mal choisie, et de qu'est ce que c'est que les maghrébins.