Macron tient son gouvernement pluriel

Emmanuel Macron tient son échafaudage. C’est un gouvernement pluriel, fait de subtils équilibres, qu’il vient de composer. Le Premier ministre Edouard Philippe dirigera une équipe de vingt-deux ministres et secrétaires d’Etat parmi lesquels une tête d’affiche rêvée : Nicolas Hulot. [scald=2764959:sdl_editor_representation] Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande en avaient rêvé : nommer au ministère de la Transition écologique l’une des personnalités préférées des Français. L’ancien animateur d’Ushuaïa offre au nouveau Président, dont le programme était bien moins vert que celui des anciens candidats à la présidentielle Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, la caution environnementale qui lui manquait. « Un coup de génie », admire son soutien Daniel Cohn-Bendit. Hulot sera numéro deux dans l’ordre protocolaire derrière Gérard Collomb, le maire de Lyon qui, à bientôt septante ans, décroche à l’Intérieur son premier ministère. Une récompense pour ce fidèle parmi les fidèles qui l’un des premiers avaient cru au destin présidentiel d’Emmanuel Macron. François Bayrou, le puissant allié qui avait donné fin février le coup de pouce indispensable au « marcheur » alors en difficulté, se voit remercié lui aussi : le président du Modem devient le nouveau ministre de la Justice. Il aura à cœur d’y porter une grande loi sur la moralisation de la vie publique qu’il appelait de ses vœux et dont le président Macron a fait l’une de ses priorités. [scald=2764956:sdl_editor_representation] La relance de l’Europe, une priorité Surprise : à la Défense (rebaptisée « ministère des Armées » par celui qui avait remonté dimanche les Champs-Elysées en command car), c’est Sylvie Goulard qui s’installe. L’eurodéputée, qui avait rejoint tôt Macron et l’avait mis en lien avec Angela Merkel, était plutôt attendue aux Affaires européennes. A cette place, c’est Jean-Yves Le Drian, poids ultra-lourd du quinquennat Hollande, qui s’installe. Le symbole est fort : il devient ministre des Affaires Européennes et des Affaires étrangères. C’est dire si la relance de l’Europe apparaît comme l’une des priorités du quinquennat Macron. Une femme à la Défense, c’est rare (même si Michèle Alliot-Marie avait occupé le poste sous Chirac), mais sa nomination ne fera pas oublier qu’elle est la seule femme à décrocher un ministère régalien. [scald=2764958:sdl_editor_representation] Sous l’autorité du Juppéiste Edouard Philippe, deux personnalités issues de LR rejoignent le gouvernement. Bruno Le Maire, ancien candidat à la primaire de la droite et du centre devient ministre de l’Economie. Germanophone et europhile, chantre du renouveau et des passerelles entre « gens de bonne volonté », il apparaissait depuis l’élection présidentielle comme l’un des plus « macron-compatibles ». Tout aussi substantielle est la promotion de Gérald Darmanin. Le maire de Tourcoing, qui a fait un bout de chemin avec Nicolas Sarkozy puis avec Xavier Bertrand à la région des Hauts de France, n’a pas seulement son âge (34 ans) pour argument. Elu du Nord, il est aussi l’un des plus sensibles à droite aux classes populaires (au point que durant la campagne il avait taxé Emmanuel Macron de « bobopuliste » !). Ces classes populaires au sein desquelles on retrouve une bonne partie de l’électorat qui a voté pour le FN lors de cette présidentielle. La recrue fera donc mal à LR. D’autant plus qu’après la mise hors course de François Fillon, le programme de celui que l’on appelait le « Thatcher de la Sarthe » a été rapidement édulcoré pour ne pas faire fuir justement ces classes populaires et cantonner la droite à un électorat conservateur de province. Société civile Il l’avait promis, Macron a tenu parole : une large place est faite à la société civile. La moitié du gouvernement ! Avec notamment des personnalités unanimement reconnues dans leur secteur (Françoise Nyssen, des Editions Actes Sud, est nommée à la Culture ; Agnès Buzin, qui a dirigé l’Institut national du cancer, devient ministre de la Santé). Mais c’est surtout Muriel Pénicaud que l’on suivra. Ministre du Travail, cette ancienne responsable des ressources humaines de Danone devra gérer la réforme explosive du marché du Travail qui a pourri la fin du quinquennat Hollande et que Macron veut remettre sur le chantier dès cet été avec des syndicats déjà chauds comme la braise. [scald=2764957:sdl_editor_representation] Comme ils devaient s’y attendre, les premiers pilliers de la start-up En Marche ont dû en rabattre sur leurs prétentions. Richard Ferrand, le pilote du mouvement, devient ministre de la Cohésion territoriale et numéro six dans l’ordre protocolaire. Christophe Castaner sera le porte-parole du gouvernement et gèrera les relations délicates avec le Parlement. Mounir Mahjoubi, jeune figure 2.0 d’En Marche, devient ministre du numérique. [scald=2764964:sdl_editor_representation]

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