À Cannes, Netflix divise le jury dès l’ouverture

Depuis Cannes. Cette année, la femme mène le bal. C’est ce qu’a fait comprendre avec élégance Monica Bellucci en donnant un baiser de cinéma à Alex Lutz passant par là. [scald=2765092:sdl_editor_representation] La bellissima maîtresse de cérémonie a rappelé dans son court discours que « la beauté n’est pas liée à l’âge mais à l’âme ». Et de faire référence à Louise Bourgeois et aux douze réalisatrices en sélection officielle ainsi qu’à Claudia Cardinale sur l’affiche du Festival. Mais cette ouverture classe – avec Louane et Biolay chantant « Cinéma », de Nougaro – ne restera pas dans les annales tant elle fut une ouverture « normale ». Tout à l’inverse de la robe semi-transparente de Monica et de l’immense chapeau de Victoria Abril. Était-ce sa manière de saluer son ami Pedro Almodovar qui, ému, avoua qu’il serait « subjectif, passionné mais souple » avant que Lily Rose Depp et l’Iranien Asgfar Farhadi ne déclarent ouverte la 70e édition du Festival. Desplechin, chouchou de la presse française Plus tôt dans la journée, Arnaud Desplechin pouvait déjà se rassurer sur l’accueil public de son film sortant en salle quelques heures avant l’ouverture du Festival. Dès 14 heures, Les fantômes d’Ismaël dominait les démarrages parisiens devant Le roi Arthur : la légende d’Excalibur. Le huitième film de Desplechin est largement soutenu par la presse française. Des Inrocks (« Autant le dire sans préambule, on retrouve avec ce film le très grand Arnaud Desplechin ») à Télérama, (« Les Fantômes d’Ismaël est un film aigu, intense et plein d’humour »), de Première « Un film charnière, donc. Un film indispensable »). Et les quelques bémols, du Figaro (« Le film est bavard, littéraire, bancal, généreux, avec quelque chose de cruel et de vital ») au Nouvel Observateur (« un film cyclothymique, trop décousu ») à Paris Match (« Le huitième long-métrage d’Arnaud Desplechin n’est pas le chef-d’œuvre escompté, il est pire. Une valse à mille temps foutraque mais immense sur les vertiges du deuil et la nécessité du cinéma ») restent très admiratifs du travail du cinéaste. [scald=2765095:sdl_editor_representation] Netflix divise Mais ce qui marqua cette première journée cannoise, c’est que Netflix continue à faire débat et divise même le jury. En conférence de presse, Almodovar, qui avait visiblement préparé sa déclaration, répond à un journaliste lui demandant s’il était prêt à donner la Palme d’or à un film Netflix : « La seule solution est que les nouvelles plates-formes numériques doivent accepter et obéir aux règles existantes qui ont déjà été adoptées et respectées par les systèmes en place ». Il ajoute : « Je ne peux pas concevoir que la Palme d’or soit remise à un film qu’on ne pourrait pas voir sur grand écran. Tout ça ne signifie pas que je ne suis pas ouvert, favorable aux nouvelles technologies. Mais ce qui est déterminant, c’est la taille de l’écran. Il ne devrait pas être plus petit que la chaise sur laquelle on est assis. Il faut avoir le sentiment d’être humble et petit par rapport au grand écran. » [scald=2765094:sdl_editor_representation] Position très claire du Président qui met ainsi la pression sur Netflix. Mais Will Smith, membre du jury, ne semble pas tout à fait de son avis quand il lâche : « J’ai des enfants de 16, 19 et 24 ans. Ils vont au cinéma deux fois par semaine et regardent des films sur Netflix. On peut passer de l’un à l’autre. À la maison, Netflix n’empêche pas mes enfants d’aller au cinéma. Il leur permet de se connecter au monde, de voir des films qu’ils ne verraient pas autrement. Cela leur donne une meilleure compréhension cinématique du monde ». Et toc ! Will Smith qui avait dit quelque temps auparavant : « J’attends des débats. Je veux des scandales, je veux taper sur la table, dire que je ne suis pas d’accord. » On le sent fin prêt. Vendredi aura lieu la présentation du premier film Netflix : Okja, de Bong Joon-Ho. L’ambiance va être chaude.

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