Pourquoi l'audition de Comey a fait pschitt
Donald Trump risquait gros avec l’audition de James Comey. Le patron débarqué du FBI n’a fait aucune révélation embarrassante pour le président. Pour autant, le feuilleton n’est pas terminé…



Pour Donald Trump, les enjeux de l’audition publique de l’ancien directeur du FBI devant le Congrès étaient énormes – le mot « impeachment » était fréquemment repris dans la presse américaine. Dans quel état le président américain est-il sorti de cette épreuve ? Les avis sont partagés…
Pour Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université de Paris II et spécialiste des questions relatives à la société et à la politique américaines, pour les adversaires de Trump, l’audition de Comey « a fait pschitt ».
« Il n’y a pas eu de grandes révélations dans l’audition de James Comey, en tout cas rien de nouveau par rapport à ce qui avait été dévoilé dans sa déclaration liminaire, estime Jean-Eric Branaa. C’est une très bonne chose du point de vue de Donald Trump. Aujourd’hui, il a deux poids en moins sur les épaules, puisque non seulement James Comey a affirmé qu’il n’avait rien à lui reprocher sur le plan légal, mais qu’il n’y avait jamais eu d’enquête le concernant sur les liens avec la Russie. Or, c’est bien cela qui plombe la présidence et qui pose un véritable problème. »
L’accusation, assez lourde aux Etats-Unis, d’« obstruction à la justice », qui flottait sur le Bureau ovale, s’est-elle pour autant dégonflée ? Pour le professeur Michel Rosenfeld, directeur du Programme de théorie constitutionnelle comparée et globale à la Benjamin N. Cardozo Law School de New York, la réponse est « non ».
« Il est clair que James Comey – il l’a dit sans ambiguïté – s’est senti intimidé par le président et que les circonstances dans lesquelles le cas “Flynn” a été évoqué ne sont absolument pas correctes, affirme Michel Rosenfeld. Trump était dans une réunion avec d’autres personnes et il a demandé à tout le monde de sortir, sauf Comey… Si une telle affaire se déroulait devant un juge ou devant un juré, je crois qu’on pourrait interpréter ça comme une obstruction à la justice. Et c’est ce que pourrait conclure le procureur spécial Robert Mueller (nommé par l’attorney general adjoint des États-Unis pour enquêter sur les liens éventuels entre des membres de l’équipe de campagne de Trump et Moscou dans l’affaire des piratages informatiques visant les démocrates pendant la présidentielle), qui a désormais l’affaire en main. »
Au fond, la question ultime – qui agite certains esprits depuis le jour de la prestation de serment de Donald Trump – est de savoir si la perspective d’une procédure de destitution du 45e président des Etats-Unis conserve aujourd’hui une certaine crédibilité…
« Une enquête est en cours, elle sera longue et tortueuse, car elle concerne énormément de monde dans l’entourage de Donald Trump, répond Jean-Eric Branaa. On entendra donc encore parler de ces affaires. Mais la grande différence, c’est que désormais, Donald Trump pourra répéter à chaque fois qu’il n’est pas concerné. »
« Tout va dépendre des résultats de l’enquête de Mueller, estime pour sa part Michel Rosenfeld. Si rien de nouveau n’est découvert, il ne se passera rien, car la procédure de destitution doit être déclenchée au sein de la Chambre des représentants, qui est contrôlée par les républicains. En revanche, si les révélations continuent à se multiplier comme c’est le cas aujourd’hui, et si les démocrates remportent les élections l’année prochaine, je n’exclus pas qu’une procédure d’impeachment puisse être lancée. La procédure de destitution contre Nixon a commencé exactement de la même façon : Nixon avait utilisé la CIA pour signifier au FBI de ne pas intervenir dans une enquête au sujet des événements du Watergate ; de la même manière, on peut interpréter les événements actuels comme le fait que Trump a utilisé le directeur du FBI pour clore une enquête sur ce qui s’est passé entre M. Flynn et les Russes… Il est donc assez clair qu’il y a un précédent. »
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S'identifier Créer un compteQuelques règles de bonne conduite avant de réagir3 Commentaires
Il est indéniable que des pressions ont été exercées contre Comey, mais, soit une certaine pudeur, soit une peur de représailles l'empêchent de révéler tout ce qu'il sait et ne peut pas dire. De toutes façons, je ne reconnaîtrai jamais Trump comme président avec 3 millions de suffrages en moins que sa concurrente! Les USA ont un système de vote archaïque qui se justifiait à l'époque des diligences mais qui est complètement dépassé dans notre monde moderne! On en paie aujourd'hui les résultats!
votre lecture de cette comparution s'oppose frontalement à celle du huffingtonpost qui titre : "Le témoignage accablant de l'ex-boss du FBI James Comey contre Donald Trump" Sa déclaration devant le Congrès sur les interventions du président américain dans l'enquête sur la Russie est explosive. http://www.huffingtonpost.fr/2017/06/07/comey-confirme-que-trump-lui-a-demande-dabandonner-lenquete_a_22131055/?utm_hp_ref=fr-James-Comey
pschitt, comment ça pschitt ? ? ? ce genre de propos de Trump, en colloque singulier dans le bureau ovale, s'apparente pourtant bien à des pressions totalement intolérables !