A la Plage d’Amée, on pourra dormir et flotter en même temps
Paolo Leonardi

L’endroit se situe à Jambes, dans un écrin de verdure qui fait face à La Meuse. Propriété du Port autonome de Namur, il abrite pour l’heure la Plage d’Amée, un restaurant apprécié des Namurois mais, de l’aveu même du propriétaire, les clients commencent à se plaindre de plus en plus de la vétusté du bâtiment.
Du coup, Benoît Gersdorff a eu une idée : il veut entièrement transformer sa Plage pour en faire un lieu regroupant à la fois un restaurant, des salles de réunion et de banquets, un bar, une terrasse de 400 m2, des logements pour du personnel en formation et pour des étudiants étrangers mais aussi, et peut-être surtout, un hôtel flottant. « Il ne s’agira pas d’un hôtel à part entière mais bien de quelques petites structures flottantes de luxe, insiste-t-il. Elles offriront une chambre avec un lit double haut de gamme, une douche, un WC, un salon intérieur avec téléviseur et un autre extérieur, ainsi qu’une cabine de pilotage. J’ai déjà trouvé une entreprise du côté d’Amay où les faire construire… »
Pour loger dans ces espaces qui vogueront au gré des vague(lette)s de la Meuse, nul besoin de posséder un brevet de navigation puisque les structures se déplaceront grâce à une puce de géolocalisation. Aucun risque, donc, de s’endormir à Namur et de se réveiller le lendemain à Liège puisque la « zone de navigation » sera strictement délimitée. « Il y a une belle carte à jouer pour augmenter l’attractivité fluviale à Namur, souligne notre hôte qui ne manque pas d’idées et espère bien voir son projet se concrétiser. Dans l’assiette, les produits locaux seront bien sûr privilégiés et l’on pourrait aussi monter des concerts pendant l’été. Une autre idée serait de créer un practice de golf : les joueurs taperaient dans la Meuse des balles biodégradables qui se transforment en nourriture pour les poissons… »
Benoît Gersdorff n’est pas un inconnu. Chef étoilé, il a commencé sa carrière derrière les fourneaux au Sanglier des Ardennes, à 17 ans. Sa carte de visite mentionne une multitude d’escales culinaires : Haïti, Cuba, Japon, Australie, Chine, Hong-Kong, Singapour, Corée du Sud, Dubaï, Abu Dhabi, Paris, côte d’Azur, sans oublier Milan, une expérience malheureuse puisqu’on se souvient de ses déboires qui avaient fait grand bruit à l’époque (il était responsable du catering du pavillon belge à l’Expo Universelle).
Déjà propriétaire d’un hôtel de luxe à Namur (le Nest, ouvert en 2013 à la Citadelle), Benoît Gersdorff est un homme d’affaires qui « sent » les choses. A 54 ans, il dit ne plus travailler pour l’argent (« même si j’en ai besoin pour mes projets… ») mais bien pour l’amour du défi. Lorsqu’une idée germe, il doit la mettre en pratique, ou à tout le moins essayer.
A Forcalquier, en Provence, il a racheté une ferme de 5 hectares qu’il veut transformer en endroit pour les gens souffrant de burn-out (il en a été lui-même victime) et qui recherchent le calme pour se ressourcer, sans wi-fi, ni télé. « Je suis Namurois d’origine et de cœur, murmure-t-il. J’ai habité partout dans le monde, mais c’est ici que je me sens bien car aujourd’hui, les longs voyages ne me plaisent plus. J’en ai marre des bagages et des heures d’attente dans les aéroports… »
Avec son fils Guillaume (sous-chef au Burgundy, à Paris) et sa fille Camille (spécialisée en gestion hôtelière, elle vient de lancer la start-up Trip Twin, une plateforme de réservation en ligne qui fait correspondre les envies des gens), il se dédie désormais aux « Maisons Gersdorff », une entreprise forcément familiale.
Même si la Plage d’Amée nouvelle version n’est encore qu’un rêve qui a besoin de confirmation, il veut y croire dur comme fer. « Je suis optimiste car il y a une réelle volonté politique, jure-t-il. On ne peut pas rester de marbre face à un tel projet qui vise à ériger un bâtiment durable alliant les énergies nouvelles. Je suis ouvert à toutes les propositions, comme une vente ou une emphytéose, car je dois avant tout pérenniser mes relations avec le Port autonome et trouver un accord qui porte sur le long terme. »
Et quand on lui demande s’il se sent l’âme d’un promoteur, Benoît Gersdorff répond : « Je suis un promoteur-artisan. Les villes ont besoin de nous car on ne peut pas vivre dans un monde où il n’y aurait que des multinationales… »
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