A l’ONU, Poutine et Obama échangent une poignée de mains tendue

Ce qu’il faut retenir des discours de Poutine et Obama à l’ONU.

Cheffe adjointe au service Monde Temps de lecture: 5 min

Le président américain Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine se sont retrouvés lundi après-midi au siège de l’ONU à New York, pour évoquer la crise syrienne et la lutte contre le groupe Etat islamique. Cette première rencontre officielle entre les deux dirigeants depuis plus de deux ans a débuté peu après 23 heures (heure belge).

Les deux hommes ont échangé une brève poignée de main et n’ont pas dit un mot devant les journalistes présents pendant quelques secondes au début de leur rencontre.

Lunch sous tension

Barack Obama et Vladimir Poutine ont trinqué ensemble lors d’une brève cérémonie à l’ONU à l’issue des discours. Mais le cœur n’y était pas. Lors d’un bref discours au cours d’un déjeuner organisé par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le président américain a porté un toast «  à toutes les nations, aux Nations unies (…) et à la quête de la paix ».

Après avoir trinqué avec plusieurs dirigeants assis à sa table, il a tendu son verre vers son homologue russe, le visage soudain fermé. Le chef du Kremlin semblait afficher, lui, un très léger sourire.

Rencontre sous tension entre Obama et Poutine

Les deux présidents ont ensuite échangé une poignée de main éclair selon les journalistes sur place : « Ils n’ont posé que 15 secondes pour les photographes et pas un mot n’a été prononcé ».

Des débats très attendus

Vladimir Poutine, qui s’est imposé au cœur des débats, et Barack Obama, en quête d’une stratégie, se sont retrouvés lundi à New York dans un tête-à-tête très attendu pour aborder l’épineux dossier syrien. Les présidents russe et américain se sont exprimés à quelques minutes d’intervalle à la tribune de l’ONU.

>>> Lire aussi : Poutine à l’ONU pour réclamer une intervention contre Daesh (abonnés)

Lors de leurs interventions respectives à la tribune de l’ONU lundi matin, MM. Obama et Poutine ont affiché leurs divergences de vue sur la guerre qui déchire la Syrie depuis quatre ans et demi et a déjà fait plus de 240.000 morts.

Le président russe, qui a appelé à une large coalition antiterroriste pour lutter contre les jihadistes de l’EI, a jugé qu’il était indispensable de s’appuyer pour ce faire sur le président syrien Bachar al-Assad.

M. Obama, de son côté, a dénoncé la logique consistant à soutenir un « tyran » qui massacre des enfants innocents sous prétexte que l’alternative «  serait pire ».

Obama dénonce « les tyrans comme Assad »

Barack Obama a pris la parole ce lundi devant les dirigeants du monde entier. Il est d’abord revenu le réchauffement des relations entre les USA et Cuba. Et a appelé à une levée de l’embargo avec l’île. Il a par ailleurs tenu à rassurer sur les relations avec la Russie. « Nous ne souhaitons pas un retour à la Guerre froide », a déclaré le président américain. Sur la Syrie, il a annoncé être « prêt à travailler » avec la Russie et l’Iran, tout en dénonçant les pays qui soutiennent « des tyrans comme Bachar al-Assad ».

Le Premier ministre belge Charles Michel a salué le discours «  ferme, fort et mobilisateur » de Barack Obama.

► Retrouvez les déclarations du président américain

Poutine : « Ne pas collaborer avec la Syrie, une grave erreur »

Vladimir Poutine, le président russe a, quant à lui, expliqué « que ne pas collaborer » avec le régime syrien est « une grave erreur », car il fait, selon lui, preuve de « courage » dans sa lutte contre les djihadistes. Il a demandé la création d’une «  large coalition antiterroriste » pour lutter contre les djihadistes en Syrie et en Irak. La coalition anti-djihadiste serait «  semblable à celle contre Hitler » au cours de la Seconde guerre mondiale – à laquelle participaient notamment les Etats-Unis et la Russie – et les pays arabes «  y joueraient un rôle clé », a-t-il ajouté.

Poutine a également proposé une résolution à l’ONU de lutte contre l’Etat islamique.

► Le compte rendu de la déclaration de Vladimir Poutine

Le contexte

Tenu à l’écart par l’Occident en raison du conflit ukrainien, Vladimir Poutine s’est spectaculairement replacé au centre du jeu sur la Syrie, déchirée par la guerre civile depuis quatre ans et demi. Il a annoncé qu’il cherchait à mettre en place avec les pays de la région « une plateforme commune » contre les djihadistes ultra-radicaux du groupe Etat islamique (EI). Exploitant les tergiversations occidentales sur le sort du président syrien Bachar al-Assad, Moscou martèle que soutenir ce dernier est le seul moyen de mettre un terme à une guerre qui a déjà fait plus de 240.000 morts.

La Maison Blanche, prise de court par l’offensive diplomatique russe, affirme qu’il serait « irresponsable » de ne pas tenter la carte du dialogue avec le chef du Kremlin, et revendique avec ce dernier une approche pragmatique, au cas par cas.

Le président François Hollande s’exprimera lui aussi devant les dirigeants du monde entier au lendemain de la première frappe française contre un camp d’entraînement de djihadistes de l’EI près de Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie.

30.000 djihadistes étrangers

Les Etats-Unis réclament depuis des années le départ du président syrien. Mais ils ont récemment assoupli leur position : il y a une semaine, le secrétaire d’Etat John Kerry concédait que le calendrier de la sortie de M. Assad était négociable.

Washington ainsi qu’une soixantaine de pays européens et arabes sunnites pilotent depuis un an une coalition militaire qui frappe des bastions de l’EI en Syrie et en Irak. Mais toutes ces opérations militaires n’ont pas empêché l’organisation djihadiste de consolider ses positions, ni ruiné son pouvoir d’attraction : près de 30.000 djihadistes étrangers se sont rendus en Syrie et en Irak depuis 2011, selon des responsables du renseignement américain cités par le New York Times.

 

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