Blocage de la E40 : la mort qui responsabilise

Le chirurgien est resté coincé dans les barrages mis en place par la FGTB. Sa patiente est décédée.Une plainte a été déposée pour homicide involontaire. L’édito de Béatrice Delvaux

Temps de lecture: 3 min

Peut-on faire des actions au risque de mettre la vie des gens en danger ? C’est cette question que pose la décision de la direction de la clinique d’Hermalle. La plainte contre X pour homicide involontaire qu’elle a déposée, vise ainsi clairement les barrages et le blocage total de l’autoroute E 42 ce lundi matin.

Une situation assez inédite, reconnaissent les avocats contactés, et un cas difficile où il s’agira d’établir la responsabilité des syndicats, de l’hôpital, voire du chirurgien. Les problèmes sont juridiques – les syndicats n’ont pas la personnalité juridique –, ils relèvent aussi de la difficulté à identifier clairement ceux qui ont commis les faits reprochés. Sans parler de la nécessité d’établir le lien de cause à effet.

Pour nombre de spécialistes, on n’aboutira jamais à l’établissement d’une responsabilité et, en tout cas, toute la procédure va prendre des mois.

Dans l’immédiat toutefois, ce tragique événement et les conséquences judiciaires que les responsables de l’hôpital ont choisi de lui donner, deviennent un problème extrêmement lourd à gérer pour la FGTB en général, et la FGTB Liège en particulier. Deux organisations qui avaient déjà fait, depuis lundi, l’objet de sévères critiques pour ce blocage d’autoroute non prévu et assez inédit car ne ressortissant pas du cadre des actions syndicales auxquelles les citoyens ont l’habitude d’être confrontés.

Le fait que Marc Goblet, le patron de la FGTB, n’ait pas voulu condamner ces actions précédemment, rejetant la responsabilité sur la politique du gouvernement qui met les travailleurs à bout, avait déjà été mal ressenti. Poussé dans ses retranchements, il s’était borné à « éventuellement les déplorer ».

Hier, la première réaction syndicale à l’annonce du tragique décès ainsi que de l’action entamée par l’hôpital, a choqué : l’établissement, déclarait ainsi un responsable syndical, aurait dû mieux s’organiser. La FGTB s’est ensuite reprise pour exprimer avant tout sa compassion pour la victime.

Difficile de prédire les suites. Mais le pressentiment aujourd’hui est que cette mort et cette plainte vont désormais peser sur les initiatives syndicales futures et la stratégie tant d’action que de communication de la FGTB. Quel « après » ? Il n’est plus possible aujourd’hui pour les instances et leurs membres de ne pas débriefer leur modus operandi de lundi, et il devient par contre impératif de redéfinir et d’imposer les lignes rouges à ne pas franchir. Car la notion de la responsabilité ne leur est plus posée désormais politiquement ou médiatiquement, mais judiciairement. Tout autre chose.

 

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