Emprunter au lieu d’acheter

Inspirée par une initiative similaire développée à Courtrai et née grâce au crowdfunding, Tournevie poursuit son chemin dans l’économie de partage. Moyennant une affiliation de 20€ par an, favorisant l’accès aux moins nantis, on peut emprunter gratuitement des outils professionnels de semaine en semaine. Il suffit d’une simple réservation dans le catalogue en ligne .
Et la sauce prend. Tournevie s’est installé au MicroMarché, en plein cœur de Bruxelles. Alors que l’atelier n’a ouvert ses portes qu’en septembre, et exclusivement le lundi soir, plus de 130 emprunts d’outils ont déjà été comptabilisés et 200 personnes du voisinage se sont inscrites. Des jeunes qui s’installent et des aînés bricoleurs se retrouvent ainsi au comptoir. « La convivialité est essentielle. On discute et on voit ensemble comment les outils fonctionnent », explique Olivier Beys de Tournevie.
Une dizaine de bénévoles
A la tête de ce projet comprenant une dizaine de bénévoles, il y a Olivier, Marteen et Thomas, l’homme aux mains d’or. Avant de lancer l’ASBL, il a été pendant 10 ans spécialiste produit pour Makita, une grande marque d’outils professionnels. « J’ai ainsi démonté et remonté des centaines d’outils. Mon rôle dans Tournevie est d’entretenir et de réparer le matériel professionnel mis à disposition par l’association. » Certains outils ont été achetés, tandis que d’autres sont de seconde main… ceux-là passent alors au préalable sous la loupe de Thomas.
Si un tel soin est porté pour proposer des outils de qualité, c’est pour remplir une volonté environnementale. En effet, les outils bas de gamme sont des monstres écologiques. « Ce sont des outils prêt-à-jeter. Ils cassent rapidement et sont souvent irréparables, faute de pièces détachées. Ils sont le chemin le plus court vers la déchetterie. Quel gaspillage ! Pour sauver le climat, on doit réduire drastiquement l’emploi des matières premières et la consommation d’énergie. Et donc opter pour des outils durables, dont les pièces de rechange sont disponibles durant 10 ou 15 ans et le design pensé pour faciliter les réparations, explique Thomas Opsomer. Aussi, en partageant les outils, on en achète beaucoup moins, et donc on en produit moins. C’est bon pour la planète. »
Reste la question de l’assurance. Car même si l’on prend davantage soin du matériel d’une personne avec qui on a tissé un lien social, cela n’est ni un rempart contre les erreurs d’utilisation ni contre la mauvaise foi accompagnant un outil malmené. Et là, le bât blesse. Aucun des assureurs contactés par Tournevie n’a jusqu’ici accepté de couvrir ce risque. Comment s’en sortir dès lors ? « Si la cotisation annuelle de 20€ se révélait insuffisante pour réparer les dégâts, on pourrait envisager à l’avenir un système de caution ou une cotisation en fonction du revenu. »