Et si la N-VA agaçait les Flamands avec trop de communautaire?
La N-VA fait du communautaire, ceci n’a rien de neuf. La surprise n’est pas tellement là. Le MR ne s’estime d’ailleurs pas trahi. Ce qui est plus gênant, c’est qu’on avait le sentiment que la N-VA ne ferait pas de communautaire durant la législature. Certes ils n’en font pas à l’intérieur du gouvernement, mais ils en font en dehors. Et cela va durer. Nous sommes à 4 ans de l’élection et la N-VA va se repositionner en permanence.
C’est ce momentum qui constitue une surprise ?
Oui mais c’est en même temps explicable. Bart De Wever pense qu’il doit rassurer ses électeurs. Il a des réactions épidermiques qui ont pour but de réconforter son électorat selon les circonstances. Il a un vrai problème sur son flanc nationaliste. Certains ont dit que la N-VA était devenue tiède en entrant au gouvernement. Sur ce terrain, le mouvement flamand est très présent et une personnalité, Jean-Pierre Rondas, tient des propos extrêmement durs. Il attaque le parti en demandant si la N-VA n’a pas perdu son âme.
Comment réagissent les autres partis ?
Wouter Beke essaie de calmer le jeu. Gwendolyn Rutten dit qu’elle n’arrive plus à suivre De Wever, notamment en ce qui concerne la sécurité sociale. Maggie De Block s’est voulue plus raisonnable, en porte à faux avec les déclarations de De Wever. Du côté flamand, il y a une volonté de ne pas aller en frontal contre la N-VA. Groen appelait les francophones à ne pas paniquer, répétant que les Flamands ne sont pas demandeurs de la séparation. Si De Wever parle très fort de communautaire dans les prochains mois, ce sera très gênant pour Charles Michel. Par ailleurs il se peut aussi que ce retour du communautaire rassure l’aile nationaliste du parti mais agace les électeurs préoccupés par d’autres thèmes, et les patrons aussi.
Le jeu reste ouvert ?
C’est intéressant. Devons-nous tous danser comme De Wever siffle ? Charles Michel a décidé de diriger son gouvernement et ne pas répondre aux déclarations de De Wever. Nous devons nous demander si nous n’accordons pas trop d’importance à chaque sortie de De Wever.
Va-t-on vers l’indépendance de la Flandre ou la fin de la Belgique ?
Ecolo dit que si l’indépendance est gérée démocratiquement avec une gestion équitable de la dette, on ne peut pas refuser l’autodétermination. La N-VA ne peut pas construire l’indépendance toute seule. Elle a besoin de créer un mouvement populaire, un consensus. Et là, il pourrait y avoir l’effet inverse.