200 enfants plongés dans la musique


Depuis le mois d’octobre à raison de 4 à 5 heures par semaine, une cinquantaine d’enfants âgés de 6 à 12 ans et issus de différents quartiers de Liège, apprennent gratuitement à jouer d’un instrument, en groupe. Ils sont formés par des musiciens- intervenants et accompagnés par une dizaine de musiciens de l’orchestre philharmonique de Liège (OPRL). Parallèlement, environ 150 enfants du même âge découvrent la pratique vocale à raison de deux heures par semaine au sein de leur classe, toujours dans diverses écoles, liégeoises tous réseaux confondus. Le 28 mai, après avoir longuement répété, ils se retrouveront tous pour un concert dans la prestigieuse salle de l’OPRL.
C’est là un des défis majeurs : jouer ensemble, sans trop de papotes. « La musique part du silence : il faut apprendre à se taire, écouter puis jouer », explique Sarah Goldfarb, directrice de l’ASBL Remua qui pratique l’apprentissage de la musique en groupe, inspirée notamment d’El Sistema, ce mouvement musical vénézuélien où l’art musical devient un instrument social.
Gurdeep, 12 ans et Calvin, 7 ans habitent Bressoux et Saint-Léonard. Ils ont tous deux reçu en prêt un violon qu’ils reprennent chez eux, pour répéter. « Je croyais que c’était difficile de faire des notes mais ça va », explique le plus grand. Naël (11 ans) a choisi le violoncelle. « Au fil des répétitions, ça devient plus facile. J’aime bien quand on a fini de jouer, c’est cool, je ne suis plus stressé ». Lania (11 ans) aime « se laisser emporter par la mélodie de l’orchestre » tandis que Christine et Melika (12 ans), se réjouissent de « faire des concerts comme des stars. C’est mieux qu’à la télé car on sent vraiment la musique. Mais on va devoir travailler ! »
Monté par l’OPRL et la Ville avec le soutien de parrains privés (Loterie Nationale et BNP ParibasFortis), El Sistema Liège est parti pour deux ans, avec un budget de 90.000 euros. « Les musiciens de l’OPRL – ils sont volontaires et font cela dans le cadre de leur travail –, vont à la rencontre de ceux qui sont éloignés de la musique et qui, spontanément, ne pousseraient pas la porte d’une académie, explique Daniel Weissmann, directeur de l’OPRL. La réussite de ce type de projet vient du lien qui se crée entre les enfants et les musiciens ». Pour l’OPRL, c’est aussi une occasion de renouveler son public, dans une relation de proximité.
« J’espère que ce projet va provoquer des étincelles et donner l’envie aux enfants de créer, de travailler avec une bonne estime de soi, » souligne le bourgmestre, séduit par le travail de Remua tandis que l’échevin de la culture met en avant la « culture pour tous » à travers des projets culturels de proximité, dans les quartiers.
Après deux ans de travail musical, qu’adviendra-t-il ? « Le projet ne doit jamais s’arrêter, déclare Sarah Goldfarb. Certains vont peut-être aller à l’académie ou aux jeunesses musicales. D’autres créeront un orchestre d’ados, comme à Bruxelles ».
Le tout est de trouver du financement, en explorant notamment la voie de soutiens privés compte tenu de la fragilité des finances publiques en matière de culture…