Les attentats de Bruxelles auraient été précipités par l’arrestation d’Abdeslam




Nous ne communiquons que les informations vérifiées et qui ne peuvent pas nuire à l’enquête. » C’est avec une extrême prudence que le parquet fédéral a fait le point, mercredi, sur le déroulement des deux attaques, à l’aéroport de Zaventem et à la station de métro Maelbeek, et sur l’identité des auteurs décédés dans les attaques ou activement recherchés.
Première certitude : deux des terroristes qui ont frappé mardi, faisant 31 morts et 300 blessés, sont (à nouveau) des frères. Il s’agit d’Ibrahim et Khalid El-Bakraoui.
Ibrahim, né en 1986 et de nationalité belge, est l’homme qui se trouve au milieu de la photo ci-dessous diffusée mardi soir sur laquelle figurent les trois terroristes qui ont signé l’attaque de Zaventem. Ibrahim, on le sait, s’est fait exploser en actionnant la bombe contenue dans les bagages posés sur le chariot qu’il poussait. Son identité a pu être confirmée « grâce à ses empreintes », a indiqué le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw.
Il faut dire que le nom des frères El Bakraoui circulait depuis quelques jours déjà. Et qu’ils n’étaient pas inconnus de la justice belge… et étrangère. Selon une (embarrassante) information lâchée mercredi par le président turc Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim avait été arrêté l’an dernier en Turquie alors qu’il tentait de rejoindre la Syrie. La Turquie l’avait expulsé le 14 juillet 2015 vers les Pays-Bas (et non la Belgique comme dit dans un premier temps). Mais bien qu’informées par les Turcs, les autorités néerlandaises n’avaient, soutient Erdogan, pas été en mesure d’identifier ses liens avec le terrorisme. Ibrahim avait donc été relâché, avant de rentrer tranquillement en Belgique.
Comment ce malfrat notoire a-t-il échappé à la vigilance des autorités dès lors que sa radicalisation était connue ? Selon Koen Geens, l’homme n’était pas connu en Belgique pour terrorisme. « C’était un criminel de droit commun en liberté conditionnelle », indique le ministre de la Justice.
Mercredi, l’identité du deuxième kamikaze de l’aéroport a également été confirmée : il s’agit bien de Najim Laachraoui, alias Soufiane Kayal, que l’on présente comme l’un des artificiers de Daesh. Ce sont en effet ses empreintes qui ont été découvertes sur plusieurs ceintures d’explosifs dans l’enquête sur les attentats de Paris.
Aucune confirmation par contre concernant le troisième homme, vêtu d’une veste claire et d’un chapeau noir qui, lui, ne s’est pas fait exploser et est actuellement en fuite. C’est cet individu qui a abandonné dans le hall des départs le bagage contenant « la charge la plus importante » qui a explosé en présence des services de déminage, sans faire de blessé.
Le parquet, par contre, assure qu’aucune arme de guerre ou de poing appartenant au commando n’a été découverte à l’aéroport. Or, il est certain que des blessés ont été soignés pour des blessures par balles. Il semblerait donc que l’« homme au chapeau » ait fait feu avant que ses complices n’activent les explosifs et qu’il ait ensuite pris la fuite avec son arme.
Troisième certitude concernant l’identité des auteurs : le kamikaze qui s’est fait exploser dans la rame de métro à Maelbeek est bien Khalid El-Bakraoui, né en 1989, le frère d’Ibrahim . « Les deux terroristes décédés avaient de lourds antécédents judiciaires non liés au terrorisme », a également confirmé le procureur fédéral.
Une effroyable quantité d’explosifs
On en sait aussi un peu plus sur les découvertes faites par les enquêteurs lors de la perquisition, mardi soir, de la planque des terroristes, au numéro 4 de rue Max Roos, à Schaerbeek : 15 kg de TATP, 150 litres d’acétone, 30 litres d’eau oxygénée, des détonateurs, une valise remplie de clous et de vis ainsi que des bacs en plastique, des ustensiles divers, des ventilateurs. Soit tout le matériel nécessaire pour fabriquer un engin explosif. On ne peut évidemment s’empêcher de penser que le bilan aurait pu être bien plus lourd encore si la totalité de ces substances avaient été utilisées.
En inspectant les alentours de l’immeuble de la rue Max Roos, les enquêteurs ont fait une autre découverte cruciale : un ordinateur abandonné dans une poubelle du quartier contenant le testament d’Ibrahim El Bakraoui..
On a appris aussi, selon VTM, que les attentats ont été précipités. Selon Farouk Ozgünes, journaliste turc, ils auraient, en fait, été programmés pour le lundi de Pâques.
« Le lundi de Pâques est un jour symbolique, c’est une fête chrétienne. Mais ils ont mis leurs plans à exécution de façon accélérée suite à l’arrestation de Salah Abdeslam. Ils ont eu peur qu’il dise quelque chose », selon Farouk Ozgünes.