Thuin veut agir contre les pilleurs

A Thuin, avant notre ère, les Aduatuques auraient localisé un oppidum. Au cours des dernières décennies, des vestiges et des monnaies ont été retrouvés. Régulièrement, des « pilleurs » continuent d’explorer le sous-sol.

Journaliste au service Forum Temps de lecture: 3 min

Thuin a une histoire. Au-delà de celle qui se laisse deviner au pied du beffroi, classé par l’Unesco par exemple, ou de celle qui témoigne de son appartenance à la Principauté de Liège, il y en a une autre, plus lointaine et nettement moins visible : celle de Thuin, capitale des Aduatuques (ou Aduatiques), c’est-à-dire d’une peuplade installée en Gaule Belgique avant notre ère. Son origine est controversée : celtique pour certains, germanique pour d’autres ou encore celto-germanique selon ses influences culturelles ou son origine géographique.

Cette page très ancienne de l’histoire de Thuin, si elle reste peu connue du grand public, a semble-t-il bien circulé dans le cercle fermé des utilisateurs de détecteurs de métaux. Passionnés d’archéologie dans le meilleur des cas, vénaux pilleurs dans d’autres, ils tentent leur chance à intervalles réguliers dans le sous-sol du Bois Grand Bon Dieu, un site thudinien au centre de ce qui a pu être l’oppidum des Aduatuques, c’est-à-dire une ville fortifiée.

Menacés par les Romains en 57 ou 58 avant notre ère – puis finalement vaincus –, ils auraient cherché à cacher leur or, l’enfouissant alors dans une terre où il est toujours parfois plus de deux mille ans plus tard.

En février dernier, le bourgmestre faisant fonction de Thuin, Philippe Blanchart, qui siège également au parlement fédéral, a interrogé le ministre de la Justice sur ce qu’il y avait lieu de faire en matière judiciaire contre ces « pillages ».

La réponse de Koen Geens évoque plusieurs cas de figure. S’il reconnaît que les pièces mises au jour peuvent être considérées comme un « trésor » au sens de l’article 716 du Code civil, elles peuvent aussi être assimilées à des « épaves ».

Dans le premier cas, la Ville de Thuin en est potentiellement le propriétaire jusqu’à ce qu’elles soient découvertes ; lorsqu’elles le sont, elle partage la propriété avec celui qui les découvre. Dans le second, les pièces appartiennent au « découvreur ».

La Ville de Thuin ne souhaite pas en rester là. Elle compte prochainement déposer plainte contre X pour les monnaies déjà emportées. Mais surtout, le bourgmestre ne désespère pas de convaincre les universités de lancer une campagne de fouilles. « L’idée, ce serait de pouvoir mettre au jour de nouvelles pièces pour les mettre à l’abri des éventuels pilleurs, explique-t-il. Nous allons avoir des contacts dans ce sens avec les universités. En espérant qu’elles puissent nous aider à protéger notre patrimoine. Parallèlement, nous bouclons actuellement un dossier pour faire reconnaître le site du Bois Grand Bon Dieu comme patrimoine exceptionnel. Enfin, nous allons sensibiliser au mieux les Thudiniens pour qu’ils réagissent dès qu’ils sont les témoins d’agissements suspects aux abords du bois et nous allons apposer des panneaux rappelant l’interdiction des fouilles ».

 

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