L’homme fort de la semaine: Nicolas Michaux

Quand on rencontre Nicolas Michaux, chemise pull pantalon sages et feuilles de menthe en carafe d’eau devant lui, c’est l’effet gendre parfait. L’élégance intelligente, à l’image de son album, mélancolie pop et poésie lumineuse… Rien à voir avec l’énergie viscérale et la sexualité rock de son récent concert à Bruxelles en solo. La bête dans le beau. Cette dualité-là se retrouve dans son propos d’ailleurs, plus politique qu’auparavant. Car dans ses chansons, il parle aussi de notre société, surpeuplée, surconsommée, en crise, dans laquelle les îles désertes n’existent plus. La dualité est alors celle de la liberté à l’épreuve de la collectivité. Ou comment rester soi avec l’autre, les autres. En couple comme en groupe.
Un questionnement qu’il soumet aussi à sa pratique musicale, lors de l’exil danois post-Été 67. Je me suis retrouvé seul, sans rien faire alors que jusque-là, j’avais été tout le temps occupé. J’étais dans une impasse.
Un questionnement qu’il soumet aussi à sa pratique musicale, lors de l’exil danois post-Été 67. Je me suis retrouvé seul, sans rien faire alors que jusque-là, j’avais été tout le temps occupé. J’étais dans une impasse. Cette remise en question sera le chemin qui lui fait redécouvrir le plaisir de la musique, dans des créations expérimentales qu’il partage à un tout petit cercle de proches. Un processus de création fait de doute et d’inattendu, qui se prolonge à son retour en Belgique, dans des maisons prêtées pour l’enregistrement. Un inattendu que l’on surprend, au détour d’une note de Nouveau Départ, cri d’oiseau et stridence d’alarme, parce qu’il enregistrait porte ouverte et que l’alarme d’une maison du voisinage s’est mise en route. Cette liberté vivante, le chanteur la compare à celle que Pialat observait pour ses réalisations, lui qui quand il filmait un bal populaire, pour Van Gogh, recréait un vrai bal, avec des boissons, de la musique… Et capturait ce qu’il s’y passait.
Ainsi capture Nicolas l’artisan ce qui fait nos existences. Sans jamais emprisonner l’émotion des mots forteresses, mais la laissant s’évoquer en souffle sensible. À la vie, à l’amour.