A Idomeni, «les gens deviennent fous»: le récit poignant d’un photographe

Bulent Kilic s’est confié sur le blog de l’AFP, détruit par ce qu’il a vu dans le camp de réfugiés d’Idomeni.

Temps de lecture: 2 min

Bulent Kilic est à bout. Le photographe de l’AFP qui couvre la crise des réfugiés depuis plusieurs années s’est confié sur le blog de l’agence française de photographie. Il dénonce les conditions de vie des migrants bloqués dans le camp d’Idomeni, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, qu’il voit devenir fous.

Bulent Kilic / AFP

« L a première chose qui vous frappe ici, c’est l’odeur. Des effluves de toilettes mêlées à de puissantes odeurs corporelles. Les gens vivent, dorment et mangent près des toilettes, au milieu de leurs excréments. Que pourrais-je dire de plus ? », écrit-il.

Bulent Kilic / AFP

Dans son post de blog intitulé « Perdre la raison face aux barbelés », Bulent Kilic décrit des camps qui, bien qu’au cœur de l’Europe, sont un enfer au même titre que ceux de Syrie. Il s’insurge contre ce « cul-de-sac » créé par les barbelés qu’ont levé les états européens. La fin de la route pour des milliers de migrants qui ne peuvent plus continuer, ni faire demi-tour. Car chez eux ils n’ont plus rien, et que la route est venue à bout de leurs derniers centimes.

Bulent Kilic / AFP

Le pire pour Bulent Kilic reste le sort des enfants. Le photographe raconte leurs journées passées à jouer dans la boue et entre les rails des trains, le ventre vide. Cela fait, pour certains, plusieurs années qu’ils ne vont plus à l’école. « Et vous savez ce qui se passe quand un enfant ne va pas à l’école ? Son comportement change. Son cerveau change. (…) Eux aussi deviennent fous », écrit-il.

Stoyan Nenov / AFP

Ce sont les images que Bulent Kilic aura à jamais à l’esprit, une fois rentré chez lui, lorsqu’il retrouvera ses enfants à lui. « Je me sens de plus en plus déprimé, de plus en plus agressif au fur et à mesure que le temps passe », explique le photograhe. Un témoignage posté ce lundi, alors qu’à New York, le prix Pulitzer de la photo récompensait exceptionnellement deux équipes de photographes pour leur couverture de la crise migratoire.

Daniel Mihailescu / AFP

 

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