A Idomeni, «les gens deviennent fous»: le récit poignant d’un photographe






Bulent Kilic / AFP
« L a première chose qui vous frappe ici, c’est l’odeur. Des effluves de toilettes mêlées à de puissantes odeurs corporelles. Les gens vivent, dorment et mangent près des toilettes, au milieu de leurs excréments. Que pourrais-je dire de plus ? », écrit-il.
Bulent Kilic / AFP
Dans son post de blog intitulé « Perdre la raison face aux barbelés », Bulent Kilic décrit des camps qui, bien qu’au cœur de l’Europe, sont un enfer au même titre que ceux de Syrie. Il s’insurge contre ce « cul-de-sac » créé par les barbelés qu’ont levé les états européens. La fin de la route pour des milliers de migrants qui ne peuvent plus continuer, ni faire demi-tour. Car chez eux ils n’ont plus rien, et que la route est venue à bout de leurs derniers centimes.
Bulent Kilic / AFP
Le pire pour Bulent Kilic reste le sort des enfants. Le photographe raconte leurs journées passées à jouer dans la boue et entre les rails des trains, le ventre vide. Cela fait, pour certains, plusieurs années qu’ils ne vont plus à l’école. « Et vous savez ce qui se passe quand un enfant ne va pas à l’école ? Son comportement change. Son cerveau change. (…) Eux aussi deviennent fous », écrit-il.
Stoyan Nenov / AFP
Ce sont les images que Bulent Kilic aura à jamais à l’esprit, une fois rentré chez lui, lorsqu’il retrouvera ses enfants à lui. « Je me sens de plus en plus déprimé, de plus en plus agressif au fur et à mesure que le temps passe », explique le photograhe. Un témoignage posté ce lundi, alors qu’à New York, le prix Pulitzer de la photo récompensait exceptionnellement deux équipes de photographes pour leur couverture de la crise migratoire.
Daniel Mihailescu / AFP