Mourad Laachraoui: «On m’a conseillé de changer de nom, il n’en est pas question»
Le frère d’un des kamikazes de Zaventem, témoigne. Deux mois après les attentats de Bruxelles, il a été sacré champion d’Europe de taekwondo ce week-end. Pour « Le Soir » et pour la première fois, il raconte comment ce titre a servi de catharsis.
Par la rédaction
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Jeudi dernier, à Montreux, le Belge d’origine marocaine Mourad Laachraoui, 21 ans, a été sacré champion d’Europe de taekwondo, dans la catégorie des moins de 54 kg. Un premier titre majeur pour le Schaerbeekois, grand espoir de cette discipline, et une première bonne nouvelle – certes futile – pour lui après des semaines où lui et sa famille ont dû affronter les conséquences des actes horribles de son frère aîné, Najim, l’un des kamikazes de Zaventem où, en compagnie d’Ibrahim El Barkaoui, il s’est fait exploser, provoquant la mort de 14 personnes. Ce lundi, à son retour de Suisse, il nous a reçu pour évoquer cette période sensible et ce qu’il en restera.
Dans tous les communiqués qui ont suivi votre victoire, on a rappelé que vous étiez le frère de l’un des kamikazes de Zaventem. Vous vous y étiez préparé ?
Même si ça m’a déçu, il ne faut pas se cacher, je m’y étais attendu. C’est ce qui fait vendre. Donc, je n’ai pas été étonné.
Vous craignez de porter cette image pour le restant de votre carrière ?
Ça va certainement continuer, c’est à craindre, mais je n’ai pas peur. En fait, je m’en fiche. Les gens disent ce qu’ils veulent, moi, j’ai ramené ça (il montre sa médaille d’or).
Votre nom qui, pour vous, est aujourd’hui synonyme de grand bonheur, a aussi été synonyme de grand malheur il y a quelques semaines. Il est difficile à porter ?
Non. On m’a conseillé de le changer, mais ce n’est pas la solution. C’est mon nom, c’est celui de mon père, pas question d’en prendre un autre. Je comprends le regard des autres, cela me fait de la peine, mais je n’y peux rien. Je n’ai pas voulu ça.