Le grand retour de la réincarnation

« Je vais bien », lui dit son père décédé trois jours plus tôt. L’ingénieur astrologue évoque encore avec le sourire l’expérience de réincarnation qu’il vécut trois jours après la mort de son père. À la morgue, face au corps paternel, le jeune ingénieur sent une main se poser fermement sur son épaule. Il se retourne et aperçoit son père debout à côté de lui, sa présence étant tout en luminosité et densité. Il se retourne alors vers le cercueil et sent un faisceau vibratoire sortir du cœur de son père et se projeter vers le sien. «L’âme de mon père m’a dit alors : “Je vais bien. Ne t’inquiète pas pour moi. Ta vie sera extraordinaire. Avance. ” Ces mots ont été importants pour moi. Je me suis senti heureux d’être encouragé dans mes choix. Et treize ans plus tard, alors que j’étais en train de jouer à quatre pattes sur le tapis avec mon neveu de 6 mois, j’ai vécu une expérience de réalité modifiée : les murs de la pièce se sont écartés, le temps s’est arrêté et alors que ma tête allait toucher celle de mon neveu, j’ai ressenti une fulgurance et la certitude que l’âme de mon père était passée dans mon neveu… La réincarnation de mon père ne relève pas pour moi d’une croyance mais d’une sensation », explique l’astrologue.
Un pilote de guerre réincarné dans un enfant
Alain Counet est loin d’être le seul à prétendre avoir vécu une expérience de réincarnation. Il y a quelques années, l’Amérique découvrait au travers du livre “Soul Survivor ” “ l’histoire incroyable de James Leininger, qui serait la réincarnation d’un pilote de la Deuxième Guerre mondiale. Depuis ses 2 ans, l’enfant de la ville de Lafayette, en Louisiane, fait de fréquents cauchemars. Sur les conseils de leur médecin, les parents réconfortent leur fils et lui demandent, dès qu’il sait parler, de raconter ses terreurs nocturnes. Ils apprennent ainsi que l’enfant est effrayé parce qu’il se voit aux commandes d’un avion qui prend feu, abattu par les Japonais… La grand-mère avance l’hypothèse d’une réincarnation que les parents, en bons chrétiens, rejettent, mais le père décide de mener l’enquête. Il pose des questions de plus en plus précises à l’enfant qui parvient toujours à répondre, donnant le nom du porte-avions d’où il décolle, les qualités techniques des avions de l’époque et le nom d’un collègue pilote. À sa grande surprise, le père découvre que cet homme existe. Il le rencontre et réalise que tout ce que son fils dit est exact. Stupéfaction : James serait la réincarnation du pilote James Houston mort au combat. Aujourd’hui le gamin a grandi et ne fait plus de cauchemars depuis qu’il a jeté des fleurs dans l’océan, à l’endroit où l’avion du pilote s’est abîmé.
Des milliers de témoignages
Des témoignages comme celui-là, d’enfants perturbés par des souvenirs étranges, sont nombreux. Pendant 40 ans, Ian Stevenson, qui fut professeur de psychiatrie à l’Université de Virginie et directeur de la Division sur les Études de la Personnalité (DOPS), rassembla des milliers de témoignages d’enfants affirmant se souvenir de leurs vies antérieures. Pour 200 de ces cas, le psychiatre canadien a pu établir que les informations fournies par les enfants étaient exactes. Dans 43 cas, grâce à des rapports médicaux, Stevenson montra qu’une marque de naissance ou un défaut physique correspondait exactement à une blessure subie dans la vie précédente. Mais aussi précisément que le psychiatre canadien ait voulu travailler, ses études sont critiquées par la communauté scientifique qui les estime basées exclusivement sur des témoignages. Par ailleurs, Stevenson lui-même disait que son travail ne “prouvait ” pas l’existence de la réincarnation mais qu’il la “suggérait ”. Ses recherches, même critiquées, furent reprises par d’autres, les psychiatres Jim Tucker ou Brian Weiss, les psychologues Carol Bowman ou Satwant Pasricha pour ne citer qu’eux.
Une croyance millénaire
Nombre de spécialistes s’intéressent aujourd’hui à la réincarnation mais sans y apporter de véritables preuves scientifiques. Pourra-t-on jamais en apporter ? Ce retour à la vie ne relève-t-il pas de l’ordre de la croyance et de ce besoin si humain de vouloir se prolonger au-delà de la mort, la finitude étant trop anxiogène ? Depuis l’aube de l’humanité, l’homme a développé des théories spirituelles selon lesquelles l’âme se sépare du corps au moment de la mort pour s’incarner ensuite dans une autre enveloppe de chair. On en trouve des traces dans maintes pensées religieuses, qu’elles soient grecques, romaines, égyptiennes, africaines ou orientales. Il semble que son origine soit liée à l’hindouisme. On a tendance à oublier que pour cette religion, qui est aujourd’hui suivie par un milliard d’individus, la réincarnation n’est pas une félicité, la vie sur terre étant une souffrance. L’homme subit des réincarnations successives tant qu’il ne s’est pas libéré de ses mauvaises actions par la sagesse. Son ambition spirituelle ultime est de sortir des cycles de réincarnation pour se perdre dans la grande âme de l’univers, que les bouddhistes également défenseurs de la réincarnation appellent le “nirvana ”. Aussi ancienne et mystique soit-elle, la réincarnation fascine aujourd’hui l’Occident. En 1997, un sondage européen attestait que 24 % des Français croyaient en la réincarnation. Et ce pourcentage aurait encore augmenté, doublé même selon certaines sources, dans le monde déchristianisé en quête de sens qui est le nôtre.