Roger Lespagnard, le coach de Thiam: «La marge de progression de Nafi reste énorme»

Le Soumagnard, après plus de quarante ans de coaching, connaît la consécration, par procuration. « Elle se sert de mon expérience de plusieurs décennies et six olympiades, j’utilise son talent, qui est énorme. Elle vient de traverser une année quasi parfaite, avec un peu de plus d’entraînement et moins de temps consacré aux études, ce qui ne l’a pas empêchée de réussir. À part la blessure au coude, qui nous a inquiétés juste avant l’échéance de Rio, tout s’est parfaitement déroulé ces derniers mois. Personnellement, je ne souhaitais pas qu’elle prenne part à l’Euro à Amsterdam, elle a elle-même voulu y participer, à raison. Elle y a très bien négocié son concours de saut en hauteur (4e place), ce qui lui a finalement permis de gagner en confiance pour les Jeux. »
La hauteur jeudi ?
À chaud, le Liégeois a du mal à prendre un peu de recul par rapport aux paramètres purement techniques, comme s’il refusait de se laisser submerger par l’émotion. « Vous avez vu de larmes dans mon regard ? C’est parce que je suis fatigué. Et dans ces cas-là, je suis très sensible. Ce sont des coups de cœur… » Il sourit, soulignant la réceptivité de son élève. « Elle sait écouter, mais aussi très vite se mettre en mode compétition, dans sa bulle. »
À quelques mètres de là, la nouvelle reine olympique prend doucement conscience de la portée de son exploit, face à la presse mondiale. « Le concours du saut en hauteur, jeudi ? J’espère bien qu’elle va le disputer ! Imaginez qu’elle nous refasse un bond à 1,98m dès le premier essai ! Elle peut tout aussi bien quitter le Brésil avec deux titres suprêmes… » Roger Lespagnard y va de son clin d’œil. « Un exploit comme celui-là, ça me rajeunit. Me revoilà reparti pour cinquante ans ! »
La Belgique du sport est sur un nuage. En suspension, comme Nafissatou lorsqu’elle efface une barre à près de deux mètres.