Bruxelles: l’impression 3D pour rénover le patrimoine

« La Belgique a été longtemps pionnière dans ce domaine, contextualise-t-il dans un premier temps. Depuis dix ans, le développement des fabrications additives s’est emballé partout dans le monde et le leadership de la Belgique s’est érodé. La Belgique n’a pas connu ces investissements massifs, stratégiques, mais elle reste néanmoins très bien positionnée en Europe. »
Les pouvoirs publics appuient d’ailleurs les initiatives tant au niveau fédéral qu’au niveau régional. A Bruxelles, l’un des derniers exemples en date concerne la restauration de l’église Sainte-Catherine. « Les grands chapiteaux en pierre de Gobertange avaient été fortement endommagés », expliquaient à l’époque les initiateurs du chantier. « Ces éléments ont été remplacés grâce à des techniques de modelage 3D. Une partie de l’élément a d’abord été retravaillée sur site, avant d’être scannée en 3D et complétée à l’aide d’un logiciel afin de constituer un modèle 3D de l’ensemble du chapiteau. »
L’avantage de ce genre de technique, par rapport à la restauration artisanale, est double : elle offre à la fois un gain de temps et d’argent. Avant l’église Sainte-Catherine, l’église Notre-Dame de Laeken en avait également bénéficié. Terminé en 2012, le chantier concernait la rénovation d’une large panoplie d’éléments : les menuiseries et les ferronneries extérieures, les vitraux, les sculptures, la maçonnerie, les sols, les toitures, les structures métalliques, les dispositifs anti-pigeons et le paratonnerre. « Afin de conserver une trace de certains éléments intéressants et/ou de pouvoir les reproduire à l’identique, les pierres ont soit été moulées traditionnellement, soit scannées et encodées numériquement en 3D », explique Marianne Hiernaux, porte-parole de Beliris, l’accord de coopération entre la Région et le fédéral, alors à la manœuvre. Les gargouilles ont par exemple subi ce traitement.
Et le recours à ce genre de technique devrait à l’avenir se développer. Parce qu’elles deviennent de plus en plus abordables en termes de coût mais aussi en termes d’utilisation, et parce que de nouveaux outils se mettent en place.
Les techniques de fabrication additive ont un bel avenir dans la conservation-restauration de notre patrimoine culturel. Toutefois, différents obstacles se dressent encore devant leur large diffusion, selon Alexander De Croo. « Certains sont d’ordre technique : il reste de grands progrès à faire, par exemple, au niveau de la précision de l’impression ainsi qu’au niveau de la palette de matériaux disponibles ainsi que de la connaissance du vieillissement de ceux-ci dans le temps », expose-t-il. Un autre obstacle réside dans l’acceptation des nouvelles technologies chez les professionnels liés au patrimoine, qui souhaitent, eux, davantage perpétuer les techniques ancestrales. « Il reste à définir comment combiner leur sensibilité avec l’apport technique des fabrications additives et à résoudre certaines nouvelles questions propres à la numérisation, à la modélisation, à l’impression, voire à la propriété intellectuelle. »