Comment obtenir une meilleure pension en rachetant ses études

Daniel Bacquelaine a donc décidé de clarifier cette situation en mettant tout le monde sur un pied d’égalité. Désormais donc, chacun aura le droit de racheter ses études durant les dix premières années de sa carrière, à raison de 1.500 euros par année d’étude. Passé ce délai, le prix sera actualisé. Néanmoins, Koen Peumans, le porte-parole du ministre des Pensions, rappelle que ce montant est déductible fiscalement.
Concrètement il ne vous en coûtera donc que 750 euros par année d’étude. Vous vous y perdez un peu ? Illustrons cela par un exemple. Prenons un juriste ayant effectué cinq années d’études. Celui-ci peut payer cinq fois 1.500 euros pour rembourser l’Etat. Cela lui coûtera donc 3.750 euros, une fois la déduction fiscale réalisée. En échange, il récupéra sur sa pension, annuellement, cinq fois 250 euros environ, soit 1.250 euros. Le calcul est rapidement fait, après trois années de pension, l’investissement sera amorti.
Afin de faire passer en douceur cette harmonisation (surtout auprès des fonctionnaires qui devront désormais payer), le ministre a prévu une période de transition de trois ans. Chacun pourra donc pendant cette période, peu importe son âge, bénéficier de ce coût de 1.500 euros par année d’étude. Un geste supplémentaire est également fait pour les fonctionnaires qui bénéficieront en plus, et ce durant deux ans, de 10 % de réduction sur le prix de rachat.
Un avantage méconnu
Cette mesure ne concerne que les études supérieures. Un rachat ne pourra en outre se faire que sur un seul diplôme et ne peut s’appliquer à des années redoublées. Néanmoins, l’avantage reste réel, même pour l’Etat, explique le porte-parole du ministre. « Contrairement à ce qui a été dit, la mesure ne fera pas perdre de l’argent à long terme puisque, désormais, les fonctionnaires n’auront plus accès gratuitement à la mesure. » L’Etat espère que l’harmonisation rapportera 50 millions d’euros supplémentaires lors des deux prochaines années.
Cette mesure a beau exister depuis des années, seule une minorité des salariés y avait recours. « Selon nos informations, 0,4 % des hommes et 0,1 % des femmes salariés y recouraient », annonce Koen Peumans. Un chiffre qui ne grimpe pas vraiment chez les indépendants. « Comme ils avaient toute leur carrière pour faire la démarche, ils étaient un peu plus nombreux mais cela reste très minime, de l’ordre de 1 à 5 %. » Le cabinet du ministre espère donc avec cette clarification augmenter le nombre de bénéficiaires, même s’il n’a pas d’objectif précis. « Cette différence entre les statuts existe depuis des années, probablement pour des raisons historiques. Mais aujourd’hui cela n’a plus de raison d’être. » L’harmonisation permettra, toujours selon le porte-parole, d’être plus en phase avec la réalité du monde du travail actuel. « Aujourd’hui, les carrières sont beaucoup moins linéaires. On n’est plus ouvrier ou indépendant toute sa vie. Cela permettra donc de sauter facilement d’un régime à l’autre », continue Koen Peumans.
La mesure ne fait pas l’unanimité
Ce changement a été diversement accueilli. Du côté du patronat, on se réjouit de cette harmonisation. Bart Buysse, le directeur général de la FEB, parle notamment d’une mesure « logique et nécessaire pour le financement de la sécurité sociale ». A l’inverse, la FGTB dénonce cette harmonisation « qui se fait sur le dos des fonctionnaires ». Selon Jean-François Tamellini, secrétaire général de la FGTB, « celui qui ne peut pas payer, aura une pension moindre, il s’agit donc d’un système à deux vitesses ». Quoi qu’il en soit, Daniel Bacquelaine a déclaré, lors d’une réponse à une question orale posée à la chambre, qu’il reviendrait avec sa réforme au Parlement début 2017 puisque celle-ci doit entrer en vigueur le 1er mars.