«Noir Jaune Blues»: la confiance dans les institutions «classiques» en chute libre


Comme en 1997, on trouve ensuite dans le classement des institutions l’enseignement, la science et la sécurité sociale. (Voir les chiffres sur mobile)
Mais entre les ONG et leurs suivantes, une « institution » inattendue s’est intercalée : « Moi-même et les gens de mon niveau » arrive en seconde position du classement. C’est une des conclusions majeures de la version 2017 de Noir-Jaune-Blues. Elle démontre que la dégradation de la confiance dans les institutions traditionnelles a produit de nouvelles appartenances. Les personnes interrogées se sont dites ainsi majoritairement appartenir à leur famille, à leurs amis, bref à des communautés dont ils se sentent « organiquement » proches.
En net recul par rapport à 1997, l’Europe et les décideurs européens passent de 47 à 9 %. Une dégringolade. L’enquête d’opinion démontre par ailleurs que l’ouverture des frontières constitue un problème pour de nombreux Belges. 45 % soutiennent par exemple le gouvernement du Hongrois Victor Orban dans sa décision de construire un mur pour stopper les migrants.
Toutes les autres institutions classiques (la presse, la police, l’Eglise, l’administration, le Parlement, la Justice) sont en recul plus ou moins prononcé.
Les partis politiques ferment la marche avec 9 %.
Une confiance dans les institutions horizontales
La hiérarchie ainsi composée démontre qu’une majorité de Belges place davantage sa confiance dans les institutions dites « horizontales » (de proximité ou jugées telles) que verticales (les décisions qui viennent du dessus).
L’incapacité des « institutions classiques » à démontrer leur capacité d’agir dans la mondialisation explique en partie le repli sur soi et l’entourage proche.
« Noir Jaune Blues » est une enquête menée par l’institut Survey&Action, sur commande de la Fondation « Ceci n’est pas une crise ». Objectif : mesurer des représentations sociales des perceptions. Le sociologue Benoît Scheuer est le directeur de l’institut de sondage.
Un premier « Noir Jaune Blues » avait été réalisé en 1997 pour Le Soir. La comparaison entre les deux études permet de jauger l’évolution du sentiment des Belges sur vingt ans.
Méthodologie : deux enquêtes à vingt ans de distance
Trois phases ont présidé à cette seconde édition. – 50 entretiens qualitatifs ont été réalisés en face-à-face avec des chercheurs de Survey&Action pour dégager les thèmes importants, ceux qui parcourent en profondeur et de manière récurrente l’opinion publique belge. – Première vague quantitative : du 15 septembre au 30 octobre 2015. 2.344 personnes interrogées dans toute la Belgique (Flandre 800, Wallonie 800, Bruxelles 600 avec un suréchantillonnage des personnes de confession musulmane – 400 –). Durée des enquêtes : de 45 minutes à 1h30. – Deuxième vague quantitative post-attentats parisiens du 13 novembre 2015 : du 20 août au 20 sept 2016, échantillon de même structure et de même taille (2.390 personnes). Total des deux vagues : 4.734 entretiens. Marge d’erreur : 2 %. Les items sont des verbatims entendus de façon récurrente, appelant au sens commun. Echelle d’accord de 1 à 7.