Immigration, Obamacare, Otan: le grand oral de Trump au Congrès




Accueil glacial des Démocrates
Rompant avec la tradition, les démocrates ont réservé un accueil glacial au président, la plupart restant assis dans leurs sièges, le visage fermé, les bras croisés. Les élus démocrates ont doucement hué le mur mexicain, et ri ostensiblement lorsque Donald Trump s’est félicité d’avoir commencé à « assécher le marigot » de la capitale en luttant contre les conflits d’intérêts.
L’autre moitié des élus, les républicains, applaudissaient à tout rompre et multipliaient les ovations à la mention des grands projets de la présidence Trump : construction d’oléoducs, érection du mur à la frontière mexicaine, la lutte contre le « terrorisme islamique radical », ou tout simplement la mention du slogan de campagne, « rendre à l’Amérique sa grandeur ».
La priorité aux Américains
Loin de la tonalité très sombre de son discours d’investiture, le 45e président des États-Unis a décliné sur un registre plus présidentiel qu’à l’habitude ses priorités pour donner corps à un engagement central : « Donner la priorité aux Américains ».
« Un nouveau chapitre de la grandeur américaine débute », a-t-il affirmé dans l’hémicycle de la Chambre des représentants au Capitole, où siégeaient également sénateurs, ministres et juges de la Cour suprême. « Nous assistons au renouveau de l’esprit américain ».
Immigration : un système basé sur le mérite
Profitant de cette occasion solennelle de redonner une cohérence à son action après un premier mois chaotique au pouvoir, Donald Trump a longuement promis une extrême fermeté aux frontières, l’un de ses principaux thèmes de campagne, rappelant son intention de construire « un grand, grand mur ».
« En appliquant enfin nos lois sur l’immigration, nous augmenterons les salaires, aiderons les chômeurs, économiserons des milliards de dollars et renforcerons la sécurité de nos communautés », a-t-il lancé.
Sans aborder directement la question de la régularisation des sans-papiers, il a proposé d’abandonner le système actuel d’adopter à la place « un système basé sur le mérite ». « Ceux qui veulent entrer dans un pays doivent être capables de subvenir financièrement eux-mêmes à leurs besoins », a-t-il estimé.
Afin d’illustrer sa ligne dure contre l’immigration clandestine, Donald Trump avait invité deux veuves de policiers californiens tués en 2014 par un clandestin. Il a par ailleurs annoncé la création d’un bureau pour « les victimes des crimes de l’immigration », nommé « Voice ». « Nous donnons une voix à ceux qui sont ignorés par les médias et réduits au silence par les intérêts particuliers », a-t-il expliqué.
La signature d’un nouveau décret sur l’immigration après l’échec du premier qui a été bloqué par la justice, pourrait d’ailleurs intervenir dès mercredi.
Obamacare
Les républicains, pour la première fois depuis 2006, contrôlent à la fois la Maison Blanche et le Congrès, et leur feuille de route est remplie. Mais la majorité et le président ne voient pas tout du même œil, particulièrement sur le remplacement de la réforme de la couverture-maladie « Obamacare », dont Trump a finalement très peu parlé lors de son grand oral.
« Ce soir, j’appelle ce Congrès à abroger et à remplacer Obamacare avec des réformes qui étendront le choix, donneront un meilleur accès (aux soins) et réduiront les coûts », s’est-il contenté de dire.
Un projet de loi qui circulait la semaine dernière a été enterré, faute de consensus entre les conservateurs partisans d’un désengagement public et les pragmatiques qui hésitent à démanteler un système qui a, malgré ses défauts, aidé des millions de leurs électeurs.
Fiscalité : une réforme « historique »
Très attendu sur l’économie, Donald Trump, qui avait délaissé sa célèbre cravate rouge pour une à rayures, a promis devant les élus une réforme fiscale « historique » qui se traduira par une baisse « massive » des impôts pour la classe moyenne et permettrait aux entreprises de « concurrencer n’importe qui ».
« Nous devons faire redémarrer le moteur de l’économie américaine et faire en sorte qu’il soit plus facile pour nos entreprises de faire des affaires aux États-Unis et plus difficile pour elles de partir », a-t-il martelé.
Affaires étrangères : l’Amérique d’abord
Sur les affaires étrangères qu’il a abordées très brièvement, le nouveau locataire de la Maison Blanche a réaffirmé que son rôle n’était pas « de représenter le monde mais de représenter les États-Unis d’Amérique ».
Mais, après avoir défendu une spectaculaire hausse des crédits militaires, il a aussi mis en avant un ton plutôt conciliant. « Nous voulons l’harmonie et la stabilité, pas des guerres et des conflits », a-t-il martelé, réaffirmant en particulier son attachement à l’Otan.
« Le temps des combats futiles est derrière nous », a conclu le président républicain, dans une volonté de rassembler un pays profondément divisé.