Willy Borsus veut interdire les herbicides pour les particuliers

Revirement spectaculaire du ministre fédéral de l’Agriculture. Il déposera une proposition pour interdire les herbicides, y compris le glyphosate, à usage particulier.

Journaliste au service Société Temps de lecture: 3 min

C’est peu de dire que l’annonce a fait tressaillir ceux qui suivent le dossier tant elle était inattendue. Le ministre fédéral de l’Agriculture Willy Borsus (MR) a annoncé jeudi qu’il proposerait prochainement un arrêté visant « l’interdiction de mise sur le marché et donc d’usage des herbicides destinés aux particuliers ». Cela concerne notamment, mais pas seulement, les herbicides à base de glyphosate, dont le fameux Roundup de Monsanto. Dans la foulée, le fédéral interdira également les pesticides (insecticides, herbicides, fongicides) considérés comme cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

La proposition doit encore être validée par le conseil des ministres, « d’ici la fin de l’année », indique-t-on au cabinet. Elle entrera en vigueur après une période de transition permettant aux commerçants d’écouler leurs stocks. Ensuite, ces deux groupes de produits « ne pourront plus être commercialisés ni utilisés dans le cadre d’un usage non professionnel ».

Ne sont pas concernés par l’interdiction : les bio-pesticides et les « substances de base » comme le vinaigre.

Jusqu’à présent, le ministre de l’Agriculture avait toujours défendu la mise sur le marché des herbicides, notamment le glyphosate, votant systématiquement pour son autorisation au niveau européen. « Nous fondons notre jugement sur des avis scientifiques, d’une façon rigoureuse et analytique, mais nous n’hésiterions pas à interdire le glyphosate s’il y avait le moindre doute », indiquait-on. Borsus a toujours invoqué l’avis de l’Autorité européenne des aliments qui a écarté le glyphosate de la liste des produit cancérogènes, contrairement à un panel scientifique de l’OMS.

Apparemment, les doutes ont fini pas s’installer. « Il se réveille enfin, victoire », s’exclame un des opposants politiques. Peut-être que les révélations des « Monsanto Papers » qui ont montré que la multinationale avait tenté d’étouffer les études révélant la toxicité de ses produits et cherché à influencer des avis scientifiques ont fait leur effet.

« Vu la balance bénéfice-risque, rien ne justifie encore l’usage d’herbicide pour les particuliers », indique désormais Borsus. Qui évoque les alternatives aux herbicides : brûleur thermique, désherbage mécanique, bio-pesticides…

Lorsqu’elle sera d’application, la décision du fédéral mettra en tout cas fin à une absurdité à la belge. La Région bruxelloise et la Wallonie ont toutes deux interdit l’utilisation des herbicides à base de glyphosate. Mais la vente de ces produits (compétence du fédéral) restait autorisée. Théoriquement, on pouvait dès lors acheter du glyphosate à Bruxelles et en Wallonie, mais il était en principe interdit de s’en servir.

Désormais, les choses sont « remises en place ». Les ministres de l’Environnement wallon, Carlo Di Antonio (CDH) et bruxelloise Céline Fremault (CDH) se sont dits « soulagés et satisfaits ». La ministre flamande de l’Environnement Joke Schauvliege (CD&V), a quant à elle annoncé son intention d’interidre également le glyphosate en Flandre.

 

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