Malala partout – la BBC, qui a publié le blog en hurdu de la jeune fille (traduction ici en anglais) et l’a ainsi rendue populaire lorsqu’elle avait 11 ans seulement, propose ainsi le film d’un des premiers reporteurs qui a filmé la fillette. La presse indienne reprend l’entretien qu’elle a donné à CNN, dans lequel elle explique pourquoi elle voudrait devenir premier ministre comme Benazir Bhutto,. son modèle, pour promouvoir l’éducation des filles. Malala sur toutes les télés américaines – l’adolescente est actuellement en « tournée » à New York pour la promotion de son autobiographie. Son sourire télégénique, sa fraîcheur, son voile corail et son implication font merveille et partout, c’est l’adulation.
Adulation mondiale, car la machine de communication est puissante, note l’AFP, reprise dans Le Point : « son message est relayé par l’une des plus grandes entreprises de relations publiques, Edelman, qui compte parmi ses clients les géants Starbucks et Microsoft. La firme représente gracieusement Malala et sa famille depuis novembre 2012 ».
Même dans la presse pakistanaise, il est fait écho à la récompense prestigieuse obtenue hier à Strasbourg par la jeune fille. Alors que pas un mot ne lui est consacré sur le Karachi Times, par exemple, qui ne mentionne pas le prix Sakharov, le Pakistan Observer publie une longue dépêche racontant comment la jeune fille a surclassé Edward Snowden au Parlement européen. Dépêche considérée comme une « top story » sur Karachinewsnet, un pure player, qui en fait l’une de ses nouvelles du jour (« top news »). Le Daily Times se borne à montrer son livre dans une carterie pakistanaise.
Quelles sont ses chances pour le Nobel ? « Je n’ai pas accompli tant de choses que ça pour gagner le prix Nobel de la paix », a déclaré Malal elle-même sur la radio pakistanaise City89 FM.Et les favoris sont rarement les choisis, les journalistes le savent bien… « L’adolescente pourrait être desservie par sa jeunesse. « Imposer le poids du Nobel à un enfant pourrait ne pas être éthique », selon Tilman Brück, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) », cité par Libération.
Le 11 octobre, c’est la Journée internationale de la fille, remarque opportunément dans La Libre Belgique un responsable de la coopération belge, Dirk Van Maele. « Mais n’est-il pas étrange que nous ayons besoin de Malala pour faire de l’instruction des filles une priorité mondiale ? On sait pourtant suffisamment, aujourd’hui, combien l’éducation des filles est bénéfique à l’économie, à la limitation de la croissance démographique, à la santé des mères comme des enfants, etc. Et quand bien même tous ces avantages ne seraient pas démontrés, n’est-il pas simplement normal de donner à toutes les filles, exactement comme aux garçons, une chance de réaliser leur droit à l’éducation ? »
Prix Nobel ou pas – dans The Guardian, (qui propose une timeline reprenant les 16 années de vie de la jeune fille) Dhiya Kuriakose, journaliste d’origine indienne précise-t-elle, explique pourquoi elle espère que la jeune fille n’aura pas le prix. « Le Nobel est plus efficace lorsque’il récompense le travailde fond d’une personne, d’un groupe qui n’a pas encore été reconnu. Rappelez vous ce qui est arrivé avec Muhammad Yunus et la banque Grameen en 2006, cette seule récompense a plus fait pour légitimer la microfinance au niveau mondial que quoi que ce soit d’autre ». Et encore : « Si Malala gagnait le prix, elle passerait son temps à devoir faire des discours, à recevoir des honneurs. Son histoire n’est pas finie, comment récompenserons-nous son travail si nous lui donnons cet prix dès aujourd’hui ? »
Enfin dans Time, ce commentaire : « les talibans, qui voulaient faire taire Malala en la tuant (ils ont d’aillerus annoncé qu’isl rééessaieraient) n’ont finalement fait qu’amplifier sa voix.