Une pérennisation du projet Tadam (Traitement assisté par diacétylmorphine) est donc envisageable à moyen terme, espèrent les autorités communales. Mené de 2011 à 2013 dans le quartier Nord, ce projet pilote de délivrance d’héroïne à une trentaine d’usagers avait été suivi et contrôlé par l’Université de Liège. Laquelle avait conclu qu’il était généralement « plus efficace que les traitements par méthadone », à la condition de rester un traitement de seconde ligne et de ne pas avoir de limitation de durée a priori.
De plus, ont souligné Dominique Delhauteur (coordinateur de Tadam) et Jean-Baptiste Andries (avocat général), la pérennisation de ce projet et même sa reproduction dans d’autres villes belges ne contreviendraient pas aux conventions et traités internationaux en matière de drogues ; ils nécessiteraient simplement que soit adaptée la loi belge de février 1921 sur le trafic des stupéfiants.
Autoriser l’aménagement de salles de consommation à moindres risques nécessiterait par contre, a souligné l’avocat-général, un toilettage plus rigoureux du code pénal. « Ce sont deux dossiers différents, qui ne sont pas liés, a encore rappelé le bourgmestre. La délivrance d’héroïne médicale relève du chapitre thérapeutique tandis que la création de salles d’injection relève d’une politique de réduction des risques. » Risques sanitaires (d’infection, d’overdose…) mais aussi d’atteinte à l’ordre public.
Naïveté ? Pas du tout, a en substance répondu le commissaire luxembourgeois René Lindenlaub. Une salle de consommation, a-t-il rappelé, a été créée dans le quartier de la gare à Luxembourg Ville en 2005, elle a servi de décor en 2012 à « 32.000 actes de consommation » et 153.000 seringues y ont été gratuitement échangées. Gérée par le ministère de la Santé publique et par une ASBL, elle fait travailler 45 personnes. « C’est un lieu de repos pour la journée et pour la nuit mais aussi un lieu de consommation, a précisé le commissaire. Sept tables sont prévues pour l’injection et lorsque le client arrive, il se voit proposer tout ce dont il a besoin pour une injection stérile. Plus récemment aussi, cinq tables ont été préparées pour ceux qui consomment les stupéfiants en les fumant. »
Si 300 surdoses ont été constatées dans cette salle, dont une trentaine se soldant par une perte de conscience, aucune ne s’est néanmoins révélée mortelle. « Il y a un bénéfice évident en matière de santé publique, c’est une structure qui a fait ses preuves. »
Les seuls bémols constatés sont quelques vols commis dans un commerce voisin (dont le gérant a été dédommagé) et l’afflux de revendeurs de drogue autour de ce lieu de consommation. Afflux que le commissariat voisin parvient semble-t-il à réguler. L’ouverture d’une seconde salle de consommation est d’ailleurs prévue en 2016, cette fois au sud du Grand-Duché, à proximité donc de la frontière française.