Faire tomber le viaduc Reyers au profit d’un boulevard urbain

La pluie, quelques hivers vigoureux et un âge plus que respectable (40 ans) ont eu raison de l’étanchéité du tapis de bitume habillant le viaduc Reyers, à deux pas de la place Meiser. Il y a un mois, Bruxelles-Mobilité a constaté une lézarde sous le pont, du béton menaçant de s’effondrer sur le prémétro passant un niveau plus bas. En urgence, il a été décidé de réduire la circulation à une bande au lieu de deux, dans chaque sens. Le temps pour les experts d’établir un planning d’intervention qui s’avère déjà long et coûteux. On parle de plusieurs mois de fermeture et de 3 millions d’investissement. Une réunion à ce sujet est programmée la semaine prochaine avec Schaerbeek. Commune où plusieurs voix s’élèvent pour proposer une intervention bien plus radicale. « Pourquoi investir 3 ou 4 millions dans un ouvrage qui ne sert plus à grand-chose  ? », entame l’échevine de l’Urbanisme, Cécile Jodogne (FDF). Qui plus est alors qu’on est train de repenser le quartier Reyers appelé à abriter plus de 400.000 m2 de logement, un media corner avec, notamment, les nouveaux locaux de la VRT et de la RTBF. Mais aussi un parc public dont une des entrées sera située à proximité. « D’où l’intérêt de démolir le viaduc pour créer un boulevard urbain. »

Un sentiment partagé chez les verts locaux. « Il n’y a plus une ville au monde aujourd’hui où l’on privilégie ce que l’on appelle un ouvrage d’art mais qui n’est qu’une horreur », souligne Isabelle Durant en ajoutant que la réduction actuelle du nombre de bandes n’a pas entraîné le chaos automobile que l’on pouvait craindre. « Ce qui prouve bien la très relative utilité de ce viaduc qui entraîne par contre beaucoup de nuisances en termes de qualité de vie pour les riverains sans parler de la valeur de l’immobilier. » Pour les verts aussi, l’occasion serait donc belle de faire tomber le géant de béton pour laisser place à une artère conviviale. « Un boulevard urbain qui s’étendrait de Montgomery à Van Praet en offrant avec une place à hauteur du carrefour Diamant, une piste cyclable et surtout de vrais trottoirs sur lesquels il est aujourd’hui impossible de se croiser. »

Les verts locaux ont ainsi lancé, le 9 mai, une pétition qui enregistrait, hier après-midi, plus de 120 signataires. On ne sait pas si le libéral Georges Verzin l’a signée mais, au nom du groupe MR (opposition), il affirme en tout cas être lui aussi favorable à la destruction du viaduc. « Qui déstructure l’habitat environnant et représente une moins-value tant pour la qualité de vie que pour l’immobilier. » Le libéral voit aussi plus loin. Ou plus profond puisqu’il propose la création d’un tunnel automobile depuis le square Vergote. Projet qui pourrait s’inscrire dans le réaménagement plus large (et plus lointain, le début du chantier n’étant pas prévu avant 2019) de la place Meiser. Où la création d’un double tunnel routier et tram a été décidée par le gouvernement bruxellois.

Quelle que soit la formule, il faut d’abord convaincre la Région de faire tomber le viaduc. « La ministre a eu vent de cette demande, répond-on au cabinet de Brigitte Grouwels (CD&V). Mais à court terme, notre priorité est la réparation prévue à l’été. » Pour toute autre décision ultérieure, la ministre renvoie donc au prochain gouvernement.