En France, le Front national provoque le big-bang
Victorieuse dans la quasi-totalité des huit grandes circonscriptions (seul le grand Ouest a résisté au tsunami bleu marine) et auréolée d’un carton plein dans son propre bastion du Nord (32,6 % contre 17,8 % à l’UMP, son premier poursuivant !), Marine Le Pen pavoise. « Le peuple souverain a parlé. Il a clamé qu’il voulait reprendre les rênes de son destin », a-t-elle martelé en réclamant la dissolution de l’Assemblée nationale.
Deux mois après les élections municipales, la gauche, qui avait déjà enregistré une défaite cinglante, enregistre un camouflet historique. Son score rappelle celui, catastrophique, de Michel Rocard en 1994 (14,5 %). Le parti socialiste ne pourra même pas chercher l’explication chez ses voisins de gauche. Les Verts s’effondrent à 8,7 % et le Front de gauche, avec 6,6 %, est loin du score à deux chiffres qu’il avait espéré. « C’est une alerte dont tous les républicains devront prendre la mesure », a commenté le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Mais ce très proche de François Hollande a d’emblée exclu une dissolution de l’Assemblée. La gauche entre dans une nouvelle zone de turbulences. Bien que le Premier ministre se soit investi dans la campagne, il n’y a pas eu d’effet Manuel Valls. Les « frondeurs » n’ont d’ailleurs pas tardé à redonner de la voix. « Changer d’équipe ne suffit pas. Il faut un changement de politique », dit le député Christian Paul, proche de Martine Aubry. Le gouvernement va avoir du mal à dompter sa majorité. Dès ce lundi, Manuel Valls sera au rapport à l’Elysée pour une réunion de crise…
La droite est, elle aussi, foudroyée. Il y a quelques jours encore, l’UMP pensait disputer la première place au FN. « On assiste à l’expression d’une gigantesque colère du peuple français contre la politique menée par François Hollande », a réagi Jean-François Copé, observant que c’est surtout en France que l’extrême droite a grimpé. Mais le patron du parti aura du mal à esquiver sa propre responsabilité. Mardi, lors d’un bureau politique, il devra rendre des comptes. « L’honneur de l’UMP est en cause », avertit François Fillon. Alain Juppé appelle l’UMP et le Centre (qui a totalisé 10 %) à se retrouver. « Ensemble, l’UMP, l’UDI et le MoDem seraient majoritaires », a expliqué l’ancien Premier ministre. Mais Nicolas Sarkozy pourrait ne pas rester silencieux. Si l’ex-Président attendait un scénario catastrophe pour s’imposer en recours, il vient de se produire… Le patron de son amicale, Brice Hortefeux, l’appelle déjà à la rescousse : « Nicolas Sarkozy manque à la vie politique ».