L’édito de Béatrice Delvaux: «Un vainqueur, deux Flandres»

Editorialiste en chef Temps de lecture: 3 min

La N-VA est le grand vainqueur des élections. Premier parti du pays. Premier parti de Flandre. C’est une victoire imparable dont la conclusion évidente a été tirée hier par tous : Bart De Wever a la main pour mener les négociations aux niveaux flamand comme fédéral. Le leader nationaliste a d’ailleurs fait un sans-faute lors de son discours hier soir : pas d’agressivité ni d’exclusion et la volonté de garantir le futur via un nouveau paradigme socio-économique. Le parti a projeté l’image d’un homme à la hauteur des responsabilités qui lui incombent. On était très loin de la folle prise de l’hôtel de ville d’Anvers.

Mais c’est un pays plus divisé que jamais qui sort des élections, et cela selon plusieurs lignes de fracture, qui font qu’aujourd’hui la N-VA est un grand vainqueur, qui n’est pas incontournable. La première division reste nord-sud : si PS et N-VA sont a priori irréconciliables, cela vaut aussi pour la N-VA et l’ensemble des partis francophones, dont le MR. Charles Michel et Didier Reynders ont juré qu’ils ne gouverneraient pas avec De Wever. Ce serment résistera-t-il à la belle performance électorale des libéraux francophones, en Wallonie et à Bruxelles (le scandale informatique absolu du dépouillement côté francophone, empêche à cette heure tout verdict !) ? MR et N-VA ont en commun de rêver à la mise hors jeu du PS. Mais encore faudrait-il compter sur le CDH qui a redit tout son rejet, hier soir, de la N-VA.

La seconde division est celle, congénitale, entre la N-VA et les socialistes. Si la N-VA s’impose comme « le » grand manitou au nord, le PS, même en baisse, pèse toujours très lourd au sud. Et si la N-VA est le premier parti du pays, les socialistes en sont a priori la première famille. Cela veut dire que deux conceptions de la Belgique, de la sécurité sociale et des priorités socioéconomiques s’opposent plus que jamais.

La troisième division – dont on verra ce qu’elle vaut dans les semaines qui viennent mais qui pourrait être cruciale – est intraflamande. Si la N-VA a réussi son pari électoral, c’est, au niveau fédéral surtout, en prenant ses nouvelles nombreuses voix au Vlaams Belang et à la Liste De Decker, dont les électeurs sont, comme ceux de la N-VA, partisans d’une indépendance de la Flandre et d’une politique très à droite. De Wever et les siens n’ont pas réussi à siphonner les partis traditionnels. CD&V, Open VLD et S-PA, qui ont revendiqué une autre vision de l’avenir du pays, ont tenu bon et, très important, devraient avoir une majorité dans le camp flamand. Hier soir, le sort de la victoire de De Wever était entre les mains… du CD&V.

Jean-Luc Dehaene l’a dit avant sa mort : la N-VA ne donnera un lendemain à sa victoire que si elle conclut des compromis et trouve des alliés de façon à passer des paroles aux actes. On est curieux à ce stade de voir comment et avec qui.

 

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