Bernard Clerfayt à propos du vote électronique: «C’est un bug démocratique»

Et c’est bien là tout le problème à entendre Bernard Clerfayt (FDF), le député-bourgmestre de Schaerbeek, commune qui fut la première à donner l’alerte, dimanche après-midi, après que la Juge de Paix ait constaté des anomalies dans le système informatique et décidé de geler le dépouillement. On le sait, ce bug a frappé 17 communes bruxelloises ou encore Eupen, en Wallonie. L’électeur qui a voté électroniquement avait ainsi la possibilité de revenir en arrière s’il voulait changer son vote. Sauf que la carte magnétique a enregistré le premier vote et non pas le second vote corrigé. Le logiciel de comptable s’est rendu compte de l’anomalie, ce qui a entraîné le bug. Si les résultats des partis ont pu être dévoilés lundi, il a fallu attendre mardi soir pour connaître les voix de préférence par candidat, le SPF Intérieur annonçant dans la foulée que les votes ayant posé problème ont été considérés comme nuls. Tout en relativisant l’impact du couac, estimant que cela ne concerne qu’environ 2000 votes, soit 0,06 %. « L’annulation de ces votes n’aura aucun impact sur la répartition des sièges », a ainsi affirmé un porte-parole de l’Intérieur.
Rassurant ? Aucunement, répond aujourd’hui Bernard Clerfayt. « Les procédures mises en place pour garantir un comptage correct et un traitement des données dans la rigueur et la sérénité ont été contournées. Le ministère parle d’environ 2.000 cas problématiques de gens qui auraient voulu modifier leur choix pour les votes de préférences. Et ils estiment avoir trouvé la solution via l’annulation de ses votes qui n’aurait pas d’impact sur le résultat final. Mais ce n’est pas à lui de dire cela ». Et Bernard Clerfayt de dénoncer ce qu’il décrit comme un bug informatique. « Parler de coup d’Etat est sans doute un peu fort mais il n’y a que dans certains pays que l’on peut imaginer une situation pareille. Ce n’est pas à l’exécutif d’organiser les élections et de juger de leur bon déroulement. Cela doit se faire dans les bureaux sous le contrôle des magistrats et des témoins, or, en l’occurrence, c’est le ministère qui a tout analysé à distance ». Bernard Cerfayt en appelle donc aux futurs parlements. « Je ne sais pas s’il faut revoter ou non. Lors de chaque élection, il y a des cas litigieux qui entraînent la question de savoir si les résultats sont valables ou non et c’est au pouvoir législatif d’examiner le problème et de répondre à cette question, ce que devront impérativement faire les membres des prochains parlements ».
Le député amarante prône également le débat sur le bien-fondé du vote électronique. « Auquel je ne m’oppose pas forcément. En Flandre où dans les communes bruxelloises qui utilisaient le système avec ticket, tout s’est bien déroulé. Ailleurs, le problème provient plutôt du fait que le ministère n’ait pas jugé bon d’investir dans des logiciels modernes ».
Des candidats exigent le retour aux urnes
Élu sans discussion avec plus de 9.000 voix, Bernard Clerfayt n’est pas vraiment à une ou deux voix près « mais ce n’est pas le cas de tous les candidats dont certains pourraient estimer que quelques votes en plus changent la donne. Comme il subsiste un doute, ils pourraient éprouver une certaine amertume ». Le député ne croit d’ailleurs pas si bien dire car, dans sa propre commune, plusieurs candidats malheureux s’organisent depuis mercredi. « Avec mes collègues Ibrahim Donmez (PS) et Sait Kose (FDF), nous estimons que chaque citoyen a droit à un vote et tous n’ont, semble-t-il, pas été pris en considération », indique le socialiste Halis Kokten qui, comme les deux précités n’a pas été élu. « Et cela se joue à quelques voix alors que nous pensions tous, à entendre les réactions des gens, avoir fait un meilleur score dans nos fiefs respectifs. Pour nous, il faut pouvoir revoter à Schaerbeek. »