Fin de règne pour l'Espagne, éliminée du Mondial
Après mûre réflexion, le sélectionneur espagnol n’a pas mis ses menaces complètement à exécution puisqu’au coup d’envoi, alors que la tension était palpable, il n’avait biffé que deux noms sur sa feuille de match.
Exit Gerard Piqué, d’abord. Souvent pris de vitesse contre les « Oranje » – comme Ramos, du reste –, le défenseur central du Barça avait cédé sa place à Javi Martinez, l’équipier de Van Buyten au Bayern Munich. Sans amélioration notoire. Dans l’entrejeu, c’est Xavi qui avait numériquement laissé sa place à Pedro, Iniesta se chargeant de reprendre un rôle plus axial. Pour quel résultat ? Nada ! En revanche, Casillas, qui avait été catastrophique sur la pelouse mais rassembleur dans le vestiaire, était tout de même préféré à Reina dans les cages. Et, une nouvelle fois, il ne fut pas impérial, sur le second but chilien, notamment.
En théorie, ces petits remaniements de cadres étaient censés apporter un peu plus de vivacité. Dans la réalité, cela ne modifia finalement pas grand-chose. De nouveau battue sans avoir montré quoi que ce soit de valable, si ce n’est une faculté hors du commun à… manquer des buts tout faits (via Diego Costa ou Busquets, entre autres), l’Espagne est d’ores et déjà éliminée de ce Mondial sud-américain. Il lui reste un seul match à disputer face à l’Australie, lundi prochain, pour essayer d’éviter l’humiliation suprême qu’avait connue l’Italie il y a quatre ans, à savoir la dernière place de son groupe…
Trouver les causes de cette déroute historique
Aujourd’hui, on doit évidemment essayer de trouver les causes de cette déroute historique, qui fait de la peine aux amoureux du beau jeu à la sauce « roja ». L’Espagne, qui dominait l’Europe et le Monde sans partage depuis 2008, avec un tiki-taka importé de la prestigieuse école barcelonaise, est-elle réellement en fin de cycle, pour reprendre une expression commune et à vrai dire un peu réductrice ? En partie, certainement, d’autant que, mercredi soir, elle n’a jamais été dominante, trop rarement dangereuse et surtout jamais efficace.
Pour espérer rebondir à l’avenir, l’Espagne aura clairement besoin de trouver d’autres solutions, en interne ou non. Elle devra découvrir ou laisser éclore nouveaux joueurs capables de s’imposer, d’en imposer aussi, au sein du groupe. Elle devra peut-être aussi retrouver cette rage de vaincre à toute épreuve qui expliquait en partie sa réussite insolente ces dernières années.
Pour mettre ces changements en musique, un nouveau sélectionneur pourrait également apporter de nouvelles idées, de nouvelles méthodes pour sortir certains cadres de leur zone de confort. Et puis, sur ce Mondial, n’était-elle tout simplement pas carbonisée à l’image des joueurs du Real et du Barça, qui composent toujours l’essentiel de l’ossature de la Roja ? Un peu de tout cela, certainement.
Cela étant dit, il ne faut pas non plus négliger que le groupe ibérique, peu habitué aux uppercuts, manquait clairement de confiance après un départ complètement raté. Mercredi, ce fut flagrant. Un champion, même expérimenté, est aussi et avant tout humain.
Rendre au Chili ce qui lui appartient
Enfin, pour être juste, il faut aussi rendre au Chili ce qui lui appartient. Extrêmement costaude dans tous les domaines, l’équipe entraînée par le sulfureux Jorge Sampaoli a été impressionnante de bout en bout et s’affiche encore davantage comme un véritable outsider de ce Mondial. D’emblée pressante, voire carrément oppressante, l’équipe sud-américaine a su profiter pleinement de l’étonnante faiblesse mentale de son adversaire, qu’elle n’avait pourtant jamais battue en dix confrontations directes, officielles ou amicales.
Dans ce Maracanã mythique, chauffé à blanc par des supporters exceptionnels, le Chili avait entamé la rencontre avec l’intention de s’imposer, d’en imposer. Après moins de trois minutes, Casillas avait déjà été inquiété à deux reprises, via Vargas puis Jara. Alors, forcément, même si Diego Costa se ménagea une petite occasion au quart d’heure, personne ne contestera la légitimité des buts de Vargas puis d’Aranguiz, qui leur permet d’accompagner les Pays-Bas en 8es de finale. Leur affrontement, lundi prochain, servira à voir qui terminera premier de ce groupe B. Et qui y évitera le Brésil.
Tenant du titre sorti au premier tour
L’Espagne est le cinquième tenant du titre à être éliminé au premier tour de la Coupe du monde après l’Italie en 1950 (la première édition d’après-guerre, l’Italie était tenante du titre en 1938), le Brésil en 1966, la France en 2002, et l’Italie en 2010.