Un duo de charme promis à l’Europe


Cité depuis le début des paris sur les « top jobs » il y a plus d’un an, Donald Tusk avait toujours repoussé cette éventualité. Tant pour des raisons de politique intérieure (sans lui, son gouvernement paraîtra très menacé) que pour ses faiblesses en langues (il ne connaît bien que l’allemand, et l’anglais moyennement). Mais cela n’a nullement empêché ses collègues, dont Angela Merkel, d’entamer un entêtant travail de persuasion sur le Polonais à la veille du dernier sommet – raté – de juillet dernier. Jusqu’à hier, le gros obstacle à sa nomination paraissait donc être Tusk lui-même. Mais vendredi matin, on apprenait que celui-ci avait fait savoir à Herman Van Rompuy, qui tient les fils de cette négociation, qu’au cas où un consensus se dégagerait en sa faveur, il accepterait la nomination. On apprenait aussi que jeudi soir, une réunion au sommet de l’Etat polonais a réuni le président Komorowski, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères Radek Sikorski (par ailleurs candidat officiel de la Pologne au poste de haut représentant aux Affaires étrangères) et la présidente de la Diète (chambre basse) Ewa Kopacz. Officiellement, il se serait agi de la crise ukrainienne. Mais il est plus probable que les quatre ont discuté du scénario d’une possible succession à Tusk à la tête du gouvernement polonais. C’est d’ailleurs Ewa Kopacz qui est donnée favorite, une hypothèse qu’elle a platement confirmée vendredi.
A bonne source, on nous indiquait que la décision n’était pas encore assurée. Même si, croisant quelques journalistes dont celui du Soir, au bâtiment Juste Lipse, Herman Van Rompuy avait lancé avec un grand sourire « Tout est réglé ! » Qu’est-ce qui peut encore faire dérailler la candidature déclarée de Tusk ? « Il reste des questions d’équilibre géographique et politique à régler », nous indiquait-on. Mais cela ressemblait bien à une tentative d’atténuer quelque peu une rumeur trop assertive, de celles qui finissent par se disloquer à la dernière minute pour avoir trop préempté l’avenir.