Europe: un Polonais qui parlera beaucoup l’allemand
Cette nouvelle équipe dirigeante, en soi symbolique, et la façon dont elle a été assemblée donnent à lire quelques évolutions marquantes de l’UE. La principale est évidemment la nouvelle visibilité, à travers Donald Tusk, de l’Europe centrale et orientale, qui représente près d’un quart de la population de l’UE. L’accès du Polonais – mais ç’aurait pu être le Letton Dombrovskis – constitue une reconnaissance de cette réalité, et surtout de l’extraordinaire parcours de ces pays depuis leur sortie du communisme.
On débat un peu, et à juste titre, de l’anglais rudimentaire du nouveau président du Conseil européen. Les Français pointent quant à eux qu’on ne mentionne même plus son ignorance totale du français. Ce n’est pas qu’une anecdote. Cette nomination du premier haut dirigeant européen qui ne pourra converser dans sa langue avec le président français, signe l’affaiblissement considérable de la position de la France, dont on voit de nombreux symptômes par ailleurs. (Ce week-end, c’était à La Rochelle.)
Entre l’Est et l’Ouest, l’Allemagne n’en ressort que plus centrale et dominante. Pour les trois présidents de l’UE (Tusk au Conseil, Juncker à la Commission et Schulz au Parlement) et la « patronne » Merkel, la langue usuelle et sans interprètes ne sera ni le français, ni même l’anglais : ce sera l’allemand. Comble de l’ironie, c’est justement la langue avec laquelle on peut converser aisément avec… Vladimir Poutine. Il n’y a peut-être pas de grand dessein. Mais l’Histoire sait montrer son sens de l’à-propos avec des pieds de nez surprenants.