Charbon : le retour en grâce de l’or noir

La raison première de ce retour en grâce ? Le prix très attractif du charbon, comme nous le confirme Benoît Lurquin, grossiste dans le Hainaut : « Pour deux tonnes de charbon, il faut compter entre 700-750 euros par an, contre 1.800 euros pour le mazout. » En outre, depuis 2006, le prix du charbon n’a augmenté que de 15 %, contre 50 % pour celui du gaz naturel ou du mazout.
Autre avantage du charbon : son rendement élevé. A titre de comparaison, brûler un kilo de charbon équivaut à brûler environ deux kilos de bois de qualité. Ce qui évite de devoir recharger trop souvent l’insert. « Ça donne une chaleur plus forte. Dans la maison, il fait tout de suite meilleur qu’avec un chauffage traditionnel », nous dit Sophie.
Enfin le charbon est disponible en sacs pratiques de 15 ou 25 kg. Non seulement ce conditionnement facilite son utilisation, mais il a également des conséquences positives sur le budget : « Vous ne devez pas dépenser la moitié de votre salaire en une fois pour remplir votre réserve, comme pour le mazout par exemple », ajoute Sophie, qui dit se chauffer 2, 3 jours avec un sac de 25 kilos.
Une énergie dépassée ?
Mais faire des économies de chauffage ne doit pas faire oublier que le charbon est considéré comme l’énergie fossile la plus polluante. Lors de sa combustion, le charbon émet des particules fines et produit des gaz à effets de serre et du mercure, ce qui lui vaut sa mauvaise réputation.
Chez Flam, fabricant de poêles et inserts à Saint-Trond, on nuance : tout dépend dans quel poêle ou insert le charbon est brûlé. Il existe en effet à l’heure actuelle des appareils à double combustion : « La première combustion brûle le charbon, et uniquement une partie des gaz provenant de cette combustion. La seconde combustion enflamme quant à elle la majorité des gaz qui n’ont pas été brûlés lors de la première combustion, perfectionnant ainsi le rendement du chauffage », explique Jan Bellis.
Même son de cloche chez Brafco, la Fédération belge des négociants en combustibles : « A l’heure actuelle, le charbon est lavé avant d’être ensaché. Ensuite, si vous optez pour de l’anthracite A, qui a une faible teneur en soufre, et un poêle à double combustion, le charbon est, sur le plan environnemental, tout à fait concurrentiel avec le gaz et le mazout. »
Outre le principe de la double combustion, les appareils conçus par Flam permettent aujourd’hui de mélanger les combustibles, par exemple du bois et du charbon en alternance. « C’est l’idéal, car vous obtenez un meilleur pouvoir calorifique, conseille Jan Bellis. Chez nous, chaque appareil est conçu à la base pour le bois. Mais il suffit d’ajouter une grille multicombustible dans la chambre de combustion et votre appareil peut brûler indifféremment du bois, du pellet, du charbon, des noyaux de cerises… »
En Belgique, l’extraction de charbon s’est arrêtée en 1992. C’est donc d’Allemagne que provient le charbon avec lequel les ménages belges se chauffent. Or il faut garder à l’esprit que la fermeture définitive des mines allemandes est, à ce jour, prévue au 31 décembre 2018, après l’arrêt des subventions publiques dans ce secteur