Jean-Charles Luperto, facétieux maître de Sambreville

Le président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 40 ans, avait manqué de peu une entrée au gouvernement. Portrait.

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L es jeunes ont des arguments et doivent pouvoir être entendus », lâche Jean-Charles Luperto en ouvrant sa chemise et laissant ainsi voir un t-shirt à l’effigie de la Maison des Jeunes, une scène qui laisse le bourgmestre Jean Poulain sans voix. Dans la salle, une bande de jeunes avec les mêmes t-shirts crée une joyeuse cohue.

Nous sommes au milieu des années 90, au conseil communal de Sambreville où un élu d’à peine 20 ans, sur une liste d’opposition – car il n’a pas toujours été socialiste malgré un bain familial qui le prédestinait au parti à la rose –, se fait remarquer. A l’époque, il était encore difficile de percevoir quelle allait être la destinée politique de Jean-Charles Luperto, ni cette place omniprésente qu’il allait prendre dans sa commune. Mais on sentait déjà un potentiel qui le faisait clairement sortir du lot. De fait, la place de simple conseiller de la minorité ne serait bientôt qu’un souvenir amusant dans une carrière rondement menée. Au cours de cette mandature, il rejoignait le PS. Au lendemain des élections suivantes, en janvier 2001, il se retrouvait premier échevin. Six ans après, il devenait bourgmestre alors qu’il occupait déjà depuis près de deux ans un siège de député wallon…

Omniprésent

Pourtant, il a fallu qu’il s’impose dans son fief. Son profil de jeune intellectuel brillant ne cadrait pas vraiment avec celui de ses colistiers. Il n’a pas eu que des amis dans sa commune au sein du PS, loin de là. Sa patte : la bonne connaissance des matières et l’efficacité. Une réelle mainmise aussi, ayant l’œil sur tout. Par exemple, outre une réforme profonde du parcours des dossiers au sein de l’administration communale, il a mis en place un « cabinet du collège » qui rédige une bonne partie des réponses des échevins aux questions de l’opposition lors des conseils. Une omniprésence qui n’a pas fait que des heureux, y compris dans son camp.

Il y a eu des soubresauts au sein des socialistes dans ce coin de la Basse-Sambre. Comme lorsque le bourgmestre Luperto a mis au vote une motion de méfiance face à un de ses échevins, Vincent Maniscalco, par ailleurs président du Foyer Taminois, à l’époque où les sociétés de logement social étaient en pleine tourmente. Ou lorsque l’échevin Duray a décidé de démissionner après avoir renversé un passant – militant socialiste, triste ironie du sort – ayant entraîné sa mort, avec délit de fuite.

Jean-Charles Luperto est aussi l’auteur d’une grosse bourde, que politiquement il payera très cher. Un canular téléphonique faisant croire au mayeur de la commune voisine, Joseph Daussogne, que sa maison allait être incendiée. le maïeur jemeppois, également PS, avait fulminé et porté plainte, rendant ainsi l’histoire publique. La plainte avait été ensuite retirée, un non-lieu a été prononcé. Mais Jean-Charles Luperto, vu par beaucoup comme ministrable, a loupé son entrée au gouvernement. Et au dernier scrutin régional, même en étant tête de liste dans l’arrondissement de Namur, il s’est fait devancer par sa colistière : Eliane Tillieux, qui a rempilé dans l’exécutif wallon.

 

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