La sonde Rosetta a largué le robot Philae sur la comète «Tchouri» (direct vidéo)
Feu vert définitif
Les responsables de la sonde européenne Rosetta, qui navigue depuis 10 ans dans l’espace, ont donné mercredi matin le feu vert définitif au largage de son petit robot Philae, qui doit tenter d’atterrir sur une comète, une première.
« Nous avons le feu vert final » pour larguer le robot sur la comète « Tchouri », a annoncé l’Agence spatiale européenne (ESA), depuis le Centre européen d’opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne). La séparation entre Rosetta et Philae doit intervenir normalement à 08H35 GMT (09H35 heure locale) mercredi.
« En route pour la séparation ! », a tweeté dans la foulée la mission Rosetta.
Ce feu vert définitif intervient après une série de vérifications depuis mardi soir. L’objectif était notamment de s’assurer que Rosetta se trouvait sur la bonne trajectoire pour larguer correctement le robot.
Un délai de transmission de 28 minutes
La séparation était prévue à 08H35 GMT (9h35 heure belge), mais la confirmation ne n’est parvenue à l’ESOC qu’un peu plus de 28 minutes plus tard, compte tenu du délai de transmission du signal radio depuis Rosetta.
Une fois lâché par Rosetta, Philae descendra en chute libre vers Tchouri, parcourant les 20 km qui le séparent de sa cible en environ sept heures.
La confirmation de l’atterrissage est attendue sur Terre autour de 16H00 GMT (17 heures heure belge).
« Les prochaines 24 heures vont certainement être les plus difficiles pour nous », a reconnu mardi soir Paolo Ferri, chef des opérations à l’ESOC.
Objectif Agilkia
Le défi technique n’est pas mince, même si Rosetta a jusqu’ici parfaitement fonctionné, parcourant 6,5 milliards de km depuis son lancement en 2004 pour rejoindre Tchouri, dans un environnement particulièrement rude.
Les trois longues jambes de Philae, restées pliées pendant plus de 10 ans, vont-elles se déployer correctement ?
Le robot ne va-t-il pas arriver sur une partie trop accidentée d’« Agilkia », la zone d’un km2 choisie pour l’atterrissage par les scientifiques. Car si Agilkia est le secteur le moins risqué, il est loin d’être parfait.
La principale crainte des ingénieurs est que Philae, qui pesait 100 kg sur Terre, mais seulement un gramme dans l’espace, ne rebondisse au contact du sol cométaire. Il a donc été conçu pour être à la fois plaqué au sol par l’émission d’un gaz et s’ancrer en profondeur grâce à deux harpons. Le problème, c’est que les scientifiques ne connaissent pas la nature du terrain et ne peuvent exclure que Philae s’enfonce au contraire dans un sol mou.
Une fois Philae sur la comète, il faudra encore que la liaison avec Rosetta, qui lui servira de relais avec la Terre, fonctionne.
« On sait bien que c’est une entreprise risquée, mais l’enjeu est tellement fort », a déclaré Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de l’atterrisseur.
Remonter aux origines du système solaire
L’enjeu n’est rien de moins que de tenter de remonter aux origines du système solaire, voire de comprendre l’apparition de la vie sur Terre.
Si tout se passe comme prévu, le petit robot et ses 10 instruments se mettront immédiatement au travail pour un programme scientifique intensif de deux jours et demi, Philae fonctionnant alors sur ses piles.
Au-delà, c’est un second système de batterie rechargeable par des petits panneaux solaires qui prendra la relève.
Philae devrait fonctionner jusqu’en mars, condamné à mourir « de chaud » quand la comète se rapprochera du soleil.
Mais, quel que soit le sort du petit robot téméraire, l’aventureuse Rosetta poursuivra son escorte de la comète au moins jusqu’à ce qu’elle passe au plus près de l’astre, en août prochain.