La police prend sa batte de cricket pour une arme: sa famille menacée d’expulsion
Le jeune homme de 22 ans, Assim Abassi, transportait en fait sa batte de cricket, qu’il avait dissimulée sous un pull pour la protéger de la pluie. « L’avis de la police était neutre et correct », a-t-on souligné au cabinet du ministre de l’Intérieur Jan Jambon.
« Il fallait faire une enquête, comme nous le faisons souvent sur base d’une info ou d’agissements suspects », renchérit Eric Van der Sypt. « Et l’enquête a permis de montrer que ces personnes n’ont rien à se reprocher. »
Voyant sa photo dans les journaux la semaine dernière, le jeune homme s’était rendu à la police pour expliquer qu’il transportait sa batte de cricket. Mais certains membres de l’Ambassade du Pakistan, pour qui travaille le père d’Assim Abassi, ayant également lu les articles, inquiets que le jeune homme puisse être « un tueur antisémite dans la nature », ont décidé de licencier le travailleur. Personne à l’Ambassade n’était joignable dimanche pour expliquer ces faits. Interrogé par l’agence Belga, un porte-parole du SPF Affaires étrangères a indiqué que le département prendrait contact avec l’Ambassade du Pakistan lundi, pour obtenir plus de détails sur l’affaire.
Le licenciement du père d’Assim Abassi est plus qu’un simple licenciement. Il devrait en effet avoir également pour conséquence le retour de toute la famille au Pakistan, les parents et cinq enfants, endéans les six jours, affirmait l’un des fils samedi soir, dans le journal télévisé de la RTBF.
Charles Michel interpellé
Cette annonce a déclenché une mobilisation sur les réseaux sociaux, pour demander à l’Ambassade, par mail ou par fax, de reconsidérer sa décision. La députée Ecolo Zakia Khattabi a également interpellé, par une question orale, le Premier ministre Charles Michel pour lui demander s’il est « prêt à accorder, à titre de “dédommagement” moral, un titre de séjour à cette famille victime d’un délire collectif » fondé « sur ce qui apparaît aujourd’hui comme un délit de faciès ».
Face à l’ampleur prise par l’affaire, le procureur fédéral contactera donc l’ambassade pakistanaise ce lundi pour lui expliquer les faits, et lui préciser que « ces personnes n’ont rien à se reprocher ». (b)