Palestine : la Belgique dans le sens de l’histoire

Si la Belgique devait suivre l’exemple suédois du 30 octobre dernier, il y aura lieu de se féliciter d’une décision qui met notre pays dans le sens de l’Histoire. L’argument principal des opposants à cette évolution n’a en effet guère de poids. La reconnaissance viendrait, selon eux, contrecarrer les efforts diplomatiques, les négociations, préjugeant de leur résultat par une action décrite comme unilatérale.
Voilà bien un argument spécieux. D’abord, il serait surréaliste de considérer qu’Israël jouit d’un droit de veto sur le droit du peuple palestinien à disposer d’un Etat. Les négociations, ensuite, sont mortes et sans doute loin de pouvoir renaître. Enfin, en termes d’action unilatérale, la partie israélienne, qui a plus que doublé le nombre de colons juifs vivant en territoires palestiniens occupés depuis que des négociations existent (début des années 1990), a donné le plus bel exemple de ce qu’il convient de faire pour rendre irréel voire absurde l’objet même des négociations.
Il y a de toute façon loin de la coupe aux lèvres. Même si la terre entière devait reconnaître un Etat palestinien, cela n’aboutira jamais à l’existence souveraine d’un tel Etat tant que son voisin, Israël, l’occupe (ou l’encercle, pour Gaza) et le colonise sans relâche (Cisjordanie et Jérusalem-Est).
Or ce pays n’a pour le moment rien à craindre de la communauté internationale. Ses méfaits pourtant notoires – la colonisation, la répression, l’usage de moyens militaires disproportionnés comme à Gaza cet été – sont établis mais ils ne suscitent que des admonestations de la communauté internationale, jamais de sanctions, même pas la seule menace de sanctions.
La reconnaissance d’un Etat palestinien n’a pourtant pas qu’une portée symbolique. Elle élève quelque peu le statut des (futurs) négociateurs palestiniens, même s’il restera difficile de négocier d’égal à égal sans médiateurs justes et crédibles. Elle donne aussi à Israël la claire indication que le monde n’accepte plus le statu quo. Et, enfin, last but not least, elle lance aux Palestiniens le puissant message qu’une solution diplomatique, négociée, non violente, est encore possible.