Jeudi noir pour la Bourse suisse
L’indice SMI, qui regroupe ses valeurs vedettes a clôturé en baisse de 8,67% à 8.400,61 points.
Les valeurs du luxe, très sensibles aux fluctuations de change, ont été en première ligne. L’horloger Swatch Group a dégringolé de 16,35% à 382,30 francs suisses. L’action Richemont a quant elle chuté de 15,50% à 74,95 francs suisses. Le numéro deux mondial du secteur avait démarré la séance en léger repli après avoir fait le point avant l’ouverture sur ses ventes au troisième trimestre, avant que ses chiffres ne soient balayés par le mouvement de panique sur les marchés.
Le laboratoire Actelion, une des valeurs stars de la place suisse, a quant a lui plongé de 13,69% à 105,90 francs suisses.
Les banques ont également fortement souffert de ce mouvement de flux. UBS a lâché 11,74% à 14,73 CHF, suivi par Julius Baer, en baisse de 11,46% à 40,40 CHF, et de Credit Suisse, qui a cédé 10,99% à 20,66 CHF.
Seul l’opérateur de télécoms Swisscom, un des titres les plus défensifs de la place suisse a terminé dans le vert, s’appréciant de 0,95% à 529,50 francs suisses.
Inattendu
Cette décision a pris de court les marchés financiers, surprenant fortement les investisseurs dans la mesure où la BNS avait encore réaffirmé ces derniers jours qu’elle n’abandonnerait pas le taux plancher. « La Banque Nationale Suisse a choqué les investisseurs », a réagi Connor Campbell, analyste chez Spreadex, dans une note, relevant que la réaction immédiate avait été « explosive ». « Le marché ne l’avait clairement pas vu venir », a commenté pour sa part Andreas Ruhlmann, analyste chez IG Bank, évoquant un changement « drastique » de politique monétaire. Selon un autre analyste financier, Benjamin Sasu, la « crédibilité » de la BNS est désormais « entamée ». « Personne ne s’attendait à l’abandon du cours du plancher sans mise en garde préalable », a-t-il déclaré, soulignant les fortes réactions immédiates du marché, qualifiées de « mini-krach ».
L’analyste prévoit que la BNS sera quand même obligée d’intervenir sur le taux de change, en raison de la dégradation de la situation économique dans le pays, avec une croissance atone et des risques de déflation.
Change avantageux pour les frontaliers
Le Suisse moyen en revanche s’est réjoui de cette mesure. Comme cette quadragénaire qui montre fièrement son reçu bancaire, montrant qu’elle a reçu plus de 300 euros en échange de 300 francs suisses quand elle s’est précipitée dans sa banque, pour changer des francs pour des euros. « J’ai gagné 60 francs suisses en une seconde », a-t-elle déclaré à l’AFP. Pour obtenir ces mêmes 300 euros, elle aurait dû débourser la veille 360 francs suisses.
Les dizaines de milliers de frontaliers français, italiens ou allemands qui traversent chaque jour la frontière pour travailler en Suisse, sont les grands gagnants indirects de l’opération. En un instant, leur revenu mensuel a progressé de 30 %. « Pourvu que ce taux de change tienne jusqu’à la fin du mois, quand je serai payée », a également déclaré à l’AFP une Française frontalière travaillant à Genève.