Pierre Kroll : «Les politiques ont tout en main pour changer la donne!»


« Je suis apolitique et je n’ai jamais enseigné, mais je me dis que la meilleure chose à faire pour réussir le vivre ensemble, ce serait justement d’expliquer les différentes religions, la morale laïque et la philosophie aux uns et aux autres. Cela permettrait aussi de parler de l’évolution du monde en général. Aujourd’hui, les catholiques ne savent pas ce qui se passe chez les musulmans et vice-versa. Quel paradoxe ! », explique notre caricaturiste qui a fréquenté les différents réseaux en primaire et en secondaire.
Si on en est arrivé à des cours séparés en fonction des choix des uns et des autres, c’est à la suite du Pacte scolaire de 1959. « Ce système remonte à une époque où les catholiques et les laïcs refusaient de voir leurs enfants endoctrinés par l’autre. Il y avait bien quelques juifs à traiter avec bienveillance mais il ne devait pas y avoir beaucoup de musulmans à l’époque. Aujourd’hui, la donne a changé. Que fera-t-on demain pour les kimbanguistes congolais ou pour les bouddhistes et les sikhs ? Les politiques ont tout en main pour changer les choses. Je sais que cela nécessitera une révision de la Constitution, mais si on n’y arrive pas maintenant, on n’y arrivera jamais », poursuit Pierre Kroll, estimant que Joëlle Milquet a tous les atouts en main pour tenter l’affaire.
Concrètement, que propose-t-il ? « Ces cours pourraient être étalés sur douze ans, de la première primaire à la dernière secondaire. Ils seraient donnés par des diplômés en philosophie formés spécialement à ça via une option universitaire spécifique lors de leur agrégation, estime Pierre Kroll. Quant aux religieux qui sont actuellement mandatés pour donner les cours de religion, ils viendraient donner leur cours de leur religion mais devant tous les élèves et dans tous les réseaux. Il ne s’agit pas de convertir à une autre religion puisque personne ne prétend le faire dans les écoles. Je ne parle pas de supprimer les cours de religion, mais de donner la possibilité à tous les enfants d’entendre la même chose. Ce qui n’est pas possible aujourd’hui puisque tout est séparé. A qui faudra-t-il s’adresser pour voir avancer un tel projet ?
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