Vervoort: «Je retire mes propos, je n’ai jamais voulu comparer l’incomparable»

Le ministre-président bruxellois PS avait déclaré que la mesure de retrait de nationalité était digne du régime nazi.

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Un débat organisé sur le plan de lutte contre la radicalisation du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a donné lieu mercredi à quelques échanges électriques entre le PS et l’opposition MR, hérissée par les propos de Rudi Vervoort et Rachid Madrane envers la politique anti-djihadiste du gouvernement fédéral où siège le MR.

Le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) a déclaré à cette occasion que la mesure de retrait de nationalité était digne du régime nazi.

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Dans la soirée de mercredi, Vervoort s’est excusé

Le ministre-président s’est ravisé et a présenté ses excuses mercredi soir, après 23 heures. Il a envoyé ces quelques lignes à l’agence Belga : « Je retire les propos rapportés ce matin. Je n’ai jamais voulu comparer l’incomparable. Je regrette de ne pas avoir anticipé l’incompréhension suscitée et les amalgames – que je désapprouve totalement – qui en ont été tirés. Je tiens donc à présenter mes excuses. Sur le fond, je maintiens que la proposition de déchéance de nationalité est une proposition que je ne peux pas accepter car elle heurte le principe d’égalité auquel je suis profondément attaché. Et pour illustrer ma pensée, je citerai la Ligue des droits de l’homme qui dans son communiqué du 19 janvier dernier déclarait ceci : “Cette mesure est sans doute la plus mauvaise réponse à apporter. Elle risque en effet de créer deux catégories distinctes de citoyens belges : ceux dont la nationalité ne pourra jamais être retirée et ceux qui risquent à tout moment de pouvoir la perdre” et cela pour le même crime. »

Une pluie de critiques

« Ces dérapages sont inadmissibles dans un Etat de droit », a fustigé la cheffe de groupe MR, Françoise Bertieaux, renvoyant la responsabilité, selon elle, du parti socialiste dans la montée du communautarisme et du radicalisme chez nous.

Le PS, par sa « stratégie électoraliste » envers la communauté immigrée, « porte une responsabilité lourde dans cette fissure de la société », a-t-elle accusé, déchaînant un échange bref mais vif d’invectives entre les bancs socialistes et réformateurs.

Béa Diallo (PS) blessé

Touché par l’attaque du MR contre la « stratégie électoraliste » du PS envers les immigrés, Béa Diallo (PS), a rappelé que ces personnes, tout comme lui, sont belges.

« Je suis né ici à Bruxelles, je suis un ketje de Bruxelles ! », a-t-il lancé à l’adresse du MR. « Moi, j’ai défendu les couleurs de la Belgique, j’ai chanté la Brabançonne, je la connais, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de personnes qui se disent belges », a dit l’ancien boxeur professionnel sous une volée d’applaudissements.

« La prochaine fois, on vous donnera un peu plus de temps de parole, M. Diallo. Comme cela vous pourrez nous chanter la Brabançonne… », a plaisanté le président de l’assemblée Philippe Courard, contribuant ainsi à faire retomber davantage la tension.

« Dix-sept victimes innocentes, cela mérite un vrai débat serein… », a répliqué la cheffe de groupe socialiste, Christiane Vienne en faisant références à celles de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher de Paris. Des propos qui furent entendus, puisque le reste des quatre heures de débat sur le plan gouvernemental s’est déroulé dans une ambiance nettement plus pacifiée.

Ecolo souhaite que l’accent soit mis sur les médias

Présenté le 16 janvier dernier, une semaine après les événements tragiques de Paris, celui-ci avance une batterie de mesures à mettre en oeuvre au niveau de l’enseignement, de la formation des imams, de la culture, du suivi des jeunes placés en IPPJ, ou encore du sport, soit les compétences de la Fédération.

Dans son intervention, le chef de groupe Ecolo, Christos Doulkeridis, a mis en garde le gouvernement contre l’une des faiblesses, selon lui, de ce plan qui ne s’intéresse pas suffisamment au rôle joué par les médias de masse dans la représentation des minorités religieuses.

Pierre-Yves Jeholet (MR) a quant à lui posé la question des moyens qui devront être trouvés pour financer toutes ces politiques, alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles entame une année budgétaire particulièrement délicate. « La sincérité de vos motivations se vérifiera lors du prochain débat sur l’ajustement budgétaire… », a-t-il résumé. Celui-ci devra avoir lieu en mars.

 

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