Les raisons de l’arrêt du Thalys wallon



La logique qui prône l’arrêt de ces trains, c’est leur coût : de 7,5 à 8,1 millions par an, selon les méthodes de calcul. Soit 5,3 millions d’euros par an pour la dorsale wallonne (39 euros de perte par voyageur embarqué) et 2,8 millions pour la dorsale flamande (beaucoup plus courte, elle s’arrête à Bruxelles où le train devient un Thalys « comme les autres » et fait le plein). Pour opérer ces dorsales régionales, la SNCB reçoit une dotation fédérale spécifique de plus de 6,5 millions chaque année. L’arrêt des Thalys régionaux pourrait donc s’avérer une bonne affaire pour les finances fédérales et pour la SNCB qui devait compenser la différence entre les deux.
Des raisons techniques, expliquent aussi, en partie, l’arrêt probable du train wallon. Dès avril, l’équipement de la gare de Namur du niveau de système de freinage automatique des couloirs européens « marchandises » empêchera le passage des Thalys qui ne sont pas équipés de la même version. Et leur mise à niveau à cette version implique une homologation dans les quatre pays-destinations de Thalys, ce qui coûte autant que ça ne prend du temps.
Horaires plus compliqués
Pour les utilisateurs, la disparition du Thalys wallon est, évidemment, analysée différemment. Deux autres Thalys seulement arrivent plus tôt à Paris. Ils quittent Bruxelles-Midi à 6h13 et 7h10. Pratique pour les Bruxellois mais très matinal pour ceux qui doivent ajouter une correspondance depuis Namur, Charleroi ou Mons. Pour eux, même s’il est plus lent, l’horaire du Thalys wallon reste une réelle alternative. De Liège on peut arriver plus tôt à Paris (8h35) en partant à 6h pour prendre le Thalys de 7h10 à Bruxelles. Mais la correspondance ne souffre aucun retard. Pour les voyageurs de Namur, Charleroi et Mons, les alternatives sont plus longues ou/et plus contraignantes. Certains réclament donc fermement le maintien du Thalys wallon. Notamment à l’occasion de Mons 2015 capitale de la Culture que le train du soir met à portée des curieux/visiteurs parisiens.
D’autres tirent leurs arguments du contexte historique. Il ne s’agirait pas du combat de quelques bourgmestres qui veulent accoler un « accessible en Thalys » au fronton de leur gare mais de respect des engagements passés. Quand le Thalys Paris-Bruxelles-Liège a été instauré, Namur et Charleroi ont perdu leurs liaisons internationales (vers Berlin, Varsovie, Copenhague…) puisque Thalys s’installe au détriment des liaisons internationales en train classique moins chères que la SNCB a fait disparaître. Enfin, les dorsales sont aussi l’héritage des Régions qui ont fait valoir qu'elles ne se sont pas opposées aux nombreuses expropriations permettant de construire la liaison TGV sur leur territoire. Un argument foncier qui a débouché sur, compromis à la belge oblige, ces fameux Thalys des dorsales. Alors, dire que ces dorsales vont définitivement courber l’échine…