Bernard Quiriny aussi drôle que cruel

A dire vrai, le tueur en série ne se limite pas à des médiocres. Sa troisième victime, Roy Knowles, est même un écrivain qu’il place haut dans sa hiérarchie personnelle. Il a tout lu, il adore. Cependant, il appartient à la longue liste de ses victimes. « Le tuer m’a coûté. Mais puisque de son aveu même il n’écrivait ni n’écrirait plus, à quoi bon ? » Inutile, Roy Knowles. Comme bien d’autres, pour des raisons diverses, fondamentales ou légères : le dernier jour du mois, pour conclure sur une note liée à l’alphabet, il tue un auteur dont le nom commence par Z.
L’accumulation est drôle. Mais le comique réside moins dans la répétition que dans les variations. Quatre nouvelles sont les récits faits par des chercheurs d’un voyage d’études en Amazonie. Le professeur John Latourelle, qui dirigeait l’expédition, avait donné pour consigne « d’écrire librement, sans jargon, de la façon la plus personnelle ». Le résultat dépasse ses espérances. Les tribus dont il est question, les Kamboulés, les Tunopis, les Bamilékés et les Bekamis, donnent lieu à des études aussi délirantes que les habitudes locales. La dernière oblige même Latourelle à se fendre d’une note recadrant quelque peu le propos.
Cela dérape allègrement un peu partout, dans les nouvelles isolées comme dans les séries. Il y en a deux autres, trois nouvelles pour « Les patients du Dr Hampstadt », deux pour « Correctifs », où l’on retrouve une histoire de critique littéraire.
Les digues que met Bernard Quiriny autour de la logique la plus élémentaire sont fragiles, on le savait depuis ses premiers pas dans la fiction. Il préfère la logique du récit, dût-elle entraîner très loin des mécanismes de la vie ordinaire.