Tom Barman: «C’est vraiment excitant, c’est chouette de débuter»


Robin Verheyen est plus discret. Parce qu’il évolue dans un monde moins populaire, celui du jazz. Mais là, il est une star. Ce saxophoniste belge vit depuis neuf ans à New York, dont il est devenu un des éléments clés de la scène jazz. Avec son quartet comme avec son trio, il grave des disques et sillonne le monde. Ces jours-ci, il est d’ailleurs en Finlande pour une série de neuf concerts. Son jazz est contemporain, exploratoire, aventureux.
Tom et Robin se sont rapprochés. Et ont rapproché leur musique pour élaborer un jazz-rock accrocheur et fascinant. Robin a composé les musiques, Tom a écrit les paroles. Leur groupe s’appelle TaxiWars. Ils se sont adjoint deux figures essentielles du jazz belge : Nicolas Thys à la basse et la contrebasse et Antoine Pierre à la batterie. TaxiWars a enregistré un album à Bruxelles. Il sera disponible le 29 avril. Le concert de lancement se tiendra à l’AB Club le 13 mai.
Vous vous connaissez depuis longtemps ?
Tom Barman On a plein d’amis en commun. Comme Rob Leurentop, le manager de Robin. Je lui avais demandé de m’aider pour les compiles Blue Note et Impulse ! que j’ai faites. Il y a déjà cinq ans, je lui ai dit que j’aimerais un jour faire quelque chose avec des jeunes jazzmen. J’avais des idées vagues dans la tête. Deux ou trois ans plus tard, il me fait rencontrer Robin à Louvain. Et me dit : voilà quelqu’un pour ta « vague » idée. Robin a fait une session avec mon groupe électro Magnus, et puis ça s’est accéléré.
Robin Verheyen On s’est très bien entendus. Et je lui ai présenté Nicolas Thys et Antoine Pierre.
Robin, votre jazz est très exploratoire. Comment vous êtes-vous rapproché du format plus rock de Taxi Wars ?
R.V. C’est arrivé très naturellement. On a beaucoup parlé avec Tom. De musique, de musiciens de jazz et de rock qu’on aime bien. J’ai commencé ensuite à écrire et je suis arrivé en répétition avec les morceaux. On a fait le répertoire ensemble de manière très spontanée. On a essayé mes morceaux, on a commencé à jouer. Et si Tom se sent bien avec les mélodies, on tente d’en faire quelque chose.
T.B. Ce qui est amusant, c’est qu’on nous organisait déjà des concerts alors qu’on n’avait toujours pas répété. Robin avait déjà composé quelques morceaux. J’ai improvisé là-dessus. On avait un bon feeling. Et on s’est dit : OK, maintenant, ça peut avancer. Parce que ce n’était pas « dEUS goes retro », c’était vraiment quelque chose de très différent.
Tom, le jazz vous intéresse depuis longtemps ?
T.B. Ça a commencé à mes 20 ans. J’y suis arrivé via le sampling. Parce que tu entendais des trucs, tu te demandais ce que c’était, tu allais chercher dans les médiathèques. Je me rappelle que le premier disque que j’avais trouvé, c’était
Dans TaxiWars, Robin compose et Tom écrit.
T.B. On travaille ensemble sur les structures. Un des derniers morceaux que Robin a apportés, c’est « Deathride Through Wet ». J’ai été complètement abasourdi par le riff, le rythme. Mais Robin avait pris beaucoup de parties au sax. A un moment, j’ai dit que ce n’était pas nécessaire. On a coupé. C’est ma contribution : proposer à Robin de couper çà et là.
Robin a dû se freiner pour ne pas faire trop de solos.
T.B. C’était dans le contrat de départ.
R.V. Mais je fais des solos tout le temps dans les morceaux.
T.B. Et il y a une version instrumentale de TaxiWars où il peut s’éclater.
R.V. Dans ce projet, l’idée n’était de toute façon pas de faire des morceaux de dix minutes avec de longs solos qui se superposent.
T.B. Ça n’exclut pas que, dans le futur, on puisse le faire, mais ici l’idée était de garder une expressivité, un format chanson avec de la force.
Pourquoi TaxiWars ?
T.B. C’est un des noms de groupe possibles que j’avais notés dans mon iPad. Ça sonne bien. Et puis j’adore les taxis. Pas les guerres. Mais tout est dans ce nom : les contrastes, les batailles parfois et le taxi qui t’emmène.
Vos paroles parlent de voyages.
T.B. D’être transporté, littéralement ou philosophiquement. Du mouvement. La plupart des paroles parlent de ça. Mais beaucoup aussi de trucs du moment. J’avais eu une bagarre incroyable avec ma copine. J’étais en studio, je n’étais pas bien. Qu’est-ce que je fais ? L’ignorer ? Non : je le chante. Voilà, deux lignes parlent de ça. C’est très proche de l’esprit jazz.
Il y a beaucoup de riffs, de structures fortes à l’entame des morceaux.
T.B. Robin s’est découvert un côté très « catchy ».
R.V. Comme on voulait des morceaux courts, il me semblait important de leur donner ce côté accrocheur. Qui se rapproche de la Downtown Scene de New York : des groupes liés avec le rock, comme les projets de John Zorn. J’habite New York depuis longtemps, c’est dans mes oreilles.
On sent l’enthousiasme, l’envie de continuer. Mais dEUS n’est pas fini pour autant ?
T.B. Non, pas du tout. Surtout que c’est un tout autre groupe. Mais c’est excitant, c’est chouette de débuter, après 20 ans de carrière pour moi et 15 pour Robin.