Crash en France: «Les victimes n’ont réalisé qu’au dernier moment ce qu’il se passait»

Brice Robin, procureur de Marseille, a tenu ce jeudi une conférence de presse pour éclaircir les circonstances du drame lors du crash de l’Airbus A320.

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Le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, en charge du dossier sur le crash de l’Airbus A320, a donné ce jeudi une conférence de presse dans un salon de l’aéroport de Marseille sur les derniers instants du pilote et du copilote dans le cockpit.

La retranscription de la conférence de presse

« Le relevage des corps a commencé depuis hier après-midi et la chaîne d’identification par ADN est lancée. A ce jour, nous n’avons toujours pas retrouvé la deuxième boîte noire. Nous avons la retranscription des 30 dernières minutes du vol en intégralité. Durant les 20 premières minutes, les deux pilotes échangent de façon normale, courtoise.

On entend ensuite le commandant de bord préparer le briefing de l’atterrissage à Düsseldorf. Les réponses du copilote semblent laconiques. On entend le commandant de bord demander au copilote de prendre les commandes. On entend à la fois le bruit d’un siège qui recule et celui d’une porte qui se ferme. On peut légitimement penser qu’il s’est absenté pour aller aux toilettes. Seul, le copilote actionne les boutons du flight monitoring system pour actionner la descente de l’appareil. L’action sur ce sélectionneur d’altitude ne peut être que volontaire.

On entend le commandant de bord faire plusieurs appels pour entrer dans la cabine. Aucune réponse de la part du copilote. On entend à ce moment-là un bruit de respiration humaine dans la cabine. On entendra ce bruit jusqu’à la chute. Le copilote était donc vivant. Les contrôleurs aériens demandent alors de faire le code de détresse du transpondeur (7700). Aucune réponse du copilote. La tour de contrôle a même demandé à d’autres avions de faire un relais-radio pour contacter cet airbus. Aucune réponse du copilote.

Les alarmes se sont déclenchées pour signifier à l’équipage que le sol était proche. On entend des grands coups contre la porte. Juste avant l’impact final, on entend ce qui peut être le bruit d’un premier impact sur un talus. Aucun message de détresse ou d’urgence – de type mayday – n’a été reçu par les contrôleurs aériens. Aucune réponse n’a été apportée à l’ensemble des appels des contrôleurs aériens.

L’interprétation à ce jour pour nous, enquêteurs, est que le copilote, par une abstention volontaire, a refusé d’ouvrir la porte de la cabine au commandant de bord et a actionné le bouton commandant la perte d’altitude. Il a donc actionné ce bouton pour une raison que nous ignorons aujourd’hui, mais qui peut s’analyser comme une volonté de détruire cet avion.

Nous tentons de réunir des informations sur ce copilote, d’origine allemande. Je ne prononce pas le mot suicide, je n’en sais rien. A ce jour, je ne peux que dire qu’il a volontairement permis la perte d’altitude de l’avion. Il n’avait aucune raison de le faire. Il n’avait aucune raison de refuser de laisser entrer son commandant de bord, de refuser de répondre aux tours de contrôle… Cela fait beaucoup.

Les victimes n’ont réalisé qu’au tout dernier moment ce qu’il se passait. Les cris n’interviennent que dans les derniers instants avant l’impact. La mort a été instantanée. On n’a pas le sentiment que le copilote ait paniqué, sa respiration est très régulière. Elle n’est pas haletante. Je ne sais que depuis ce matin qu’une action volontaire est intervenue. Nous sommes au début des investigations concernant l’environnement de ce copilote. Les familles ont été informées de toutes les informations que je viens de vous livrer.

Je n’en suis pas encore aux conséquences légales. A ce jour, on a trouvé la boîte noire, on l’a analysée. Et on va continuer dans ce sens. Je veux aussi les dossiers de la maintenance généralisée en 2013 de cet appareil. Je vais faire tous les contrôles que je dois faire. Je ferai appel à deux juges d’instruction pour continuer à faire éclater la vérité sur ce dossier.

Je rappelle qu’au jour où je vous parle, il n’y a aucun élément qui milite en faveur d’un acte terroriste. Le copilote n’est pas répertorié comme terroriste. Il s’appelait Andreas Lubitz et avait 28 ans.»

 

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