Le Louvre conseille la Ville de Liège


Annoncée par Le Soir fin janvier, la collaboration entre le musée du Louvre et le futur musée Boverie (ex-Ciac), sur la presqu’île liégeoise du même nom, a été officialisée vendredi et devrait être formalisée au mois de juin par la signature d’une convention-cadre liant les deux institutions jusque 2018 au moins.
Héritier du palais des Beaux-Arts construit au début du XXe siècle dans un parc somptueux, ce qui s’est ensuite appelé Musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) fut confié en juin 2010 à l’architecte français Rudy Ricciotti, auteur notamment du Mucem de Marseille. Cette rénovation et cet agrandissement, d’un coût de 25 millions d’euros, seront achevés fin 2015. Voilà pour la forme. Restait, sur le fond, à justifier cet important investissement : comment donner à cette nouvelle institution les ambitions de ses moyens ? Comment convaincre les 40 millions de personnes qui habitent à moins de deux heures de voiture de Liège – ou à tout le moins une partie d’entre elles – de pousser la porte du nouveau musée, voire de prolonger leur séjour pour faire honneur aux autres infrastructures culturelles récemment rénovées : le Curtius achevé en 2009, l’Opéra royal agrandi en 2012, le Théâtre de Liège inauguré en 2013, la Cité Miroir ouverte au public l’année suivante ?
Certes, le musée Boverie peut compter sur des collections permanentes de qualité, à commencer par les œuvres achetées à Lucerne en 1939 (Picasso, Chagall, Gauguin, Ensor,…), un portrait de Bonaparte par Ingres, des tableaux de Lambert Lombard, etc. Mais il lui faudra aussi, pour s’imposer sur la scène européenne, présenter des expositions temporaires de qualité : le partenariat qui vient d’être noué avec le musée d’art le plus fréquenté au monde (près de 9 millions de personnes visitent le Louvre chaque année) devrait fortement l’y aider.
« Partenariat équilibré »
La convention-cadre que noueront au début de l’été la Ville de Liège et Louvre Conseil, un service transversal créé en 2014 au sein de l’institution parisienne pour gérer ses « accompagnements » et « transmissions d’expertises », prévoit pour l’essentiel la programmation de trois expositions d’envergure de 2016 à 2018 et la scénographie de la première exposition, annoncée dans un peu plus d’un an. Vincent Pomarède, conservateur général du patrimoine et directeur de la médiation au musée du Louvre, incarnera ce partenariat. « C’est la première fois que nous accompagnons ainsi une ville européenne, hors France, a-t-il précisé. Il ne s’agira pas seulement de monter des expositions, mais aussi d’accompagner le musée dans ses missions de médiation, de pédagogie, d’édition… De notre côté, nous sommes demandeurs de nouvelles manières de travailler et d’un rapprochement avec une partie de notre public. » Jean-Marc Gay, directeur des musées liégeois, salue lui aussi « un partenariat équilibré » qui permettra notamment au Boverie de profiter du carnet d’adresses de son nouveau conseiller artistique et d’ainsi nouer des liens avec d’autres grands musées du monde.
L’organisation au mois de mai 2016 d’une exposition sur « les rapports entre extérieur et intérieur » et provisoirement appelée « En plein air », s’appuyant sur des œuvres liégeoises mais aussi sur des emprunts au Louvre et à d’autres institutions étrangères, permettra de mesurer in situ les vertus de ce partenariat.