L’avocat de Mgr Léonard «sceptique» sur la faute commise par son client

Ce jeune séminariste avait été victime entre 1987 et 1991 de viols commis par un prêtre luxembourgeois. Lorsque Monseigneur Léonard fut nommé évêque de Namur, postérieurement aux faits de viol, Joël Devillet déposa une plainte devant le tribunal ecclésiastique.
Il n’a pas pris de mesure pour empêcher la récidive
La plainte, déposée au pénal contre le violeur fut déclarée prescrite. C’est donc au civil que Joël Devillet se retourna contre son abuseur qui fut, cette fois condamné, à l’indemniser.
Il décida également d’incriminer la responsabilité civile de Monseigneur Léonard qui avait autorité sur le prêtre pédophile. Dans son arrêt, la cour estime que l’archevêque n’a alors pas pris conscience, à suffisance de l’état de victime de Joël Devillet, pas plus qu’il ne prit de mesure pour éloigner le prêtre, qui récidiva dans le Namurois.
Une pensée pour la victime
Monseigneur Léonard n’a désiré s’exprimer qu’à travers son avocat. « Mon client ne peut que respecter une décision de justice, entame Me Malherbe. Sa première réaction a été d’espérer que ce jugement puisse au moins aider Monsieur Devillet ».
Le primat de Belgique et son avocat sont néanmoins surpris de la décision de la cour d’appel, finalement contraire au premier jugement. Pour Me Malherbe, le jugement est cependant fragile juridiquement. « Je ne suis pas convaincu par l’arrêt. La cour a surtout voulu donner un accueil à la plainte de la victime, et ne pas s’y montrer insensible. Je suis sceptique sur la faute commise par Monseigneur Léonard. La victime était majeure lorsqu’elle s’est manifestée après les faits et elle aurait pu porter plainte. Ce qu’elle n’a pas fait tout en demandant explicitement à l’Eglise de ne rien faire contre l’abuseur. Il peut paraître normal que quand quelqu’un vous dit “ne faites rien”, on ne fasse rien. Il y a alors 1000 personnes qui n’ont pas « pris la mesure ». Pourquoi serait-ce la responsabilité propre de Mgr Léonard ? »
Le prélat de Belgique et son avocat doivent encore réfléchir à l’opportunité d’éventuellement se pourvoir en cassation. « Le jugement doit certainement faire plaisir à Monsieur Devillet et c’est une bonne chose, termine l’avocat. Il avait besoin de trouver un autre responsable que son abuseur. Mais le jugement n’est pas totalement juridiquement fondé ».