La méfiance générale, terreau pour le pire

L’édito de Christophe Berti.

Rédacteur en chef Temps de lecture: 3 min

Le sondage politique dont nous publions ce matin la première partie confirme, une fois de plus, une tendance lourde qui se dessine depuis des mois : la méfiance du politique. Une tendance qu’on retrouvait déjà dans l’enquête publiée fin janvier à propos des 18-30 ans : moins d’un sur dix pense qu’il « peut changer les choses en votant ».

Certes, ce constat est loin d’être neuf et les historiens vous diront que depuis que le pouvoir existe, il génère quasi « naturellement » une méfiance de la part de la population. C’est vrai, mais quand on analyse les résultats de notre sondage, on ne peut s’empêcher de penser que tout le monde en prend pour son grade et que l’écart entre gouvernés et gouvernants est aujourd’hui abyssal. Ni le gouvernement fédéral ni les exécutifs wallon, bruxellois et communautaire n’atteignent la cote de 5 sur 10 dans leur bulletin trimestriel et tout le monde est en baisse ou, au mieux, stagne.

Une méfiance qui, plus largement d’ailleurs, touche les institutions dans leur ensemble, les « piliers » comme on le dit dans le Royaume. Car si les politiques ne sont pas à la fête (et on englobe dans cette remarque tous les partis de pouvoir, de gauche ou de droite), les syndicats, par exemple, ne doivent guère se réjouir davantage, puisque le jugement à leur égard est également majoritairement négatif dans le pays ; avec, il est vrai, de grosses disparités régionales.

Cette méfiance généralisée n’est pas un épiphénomène. Ce n’est pas une mode ou un accident temporaire, c’est une lame de fond qui dépasse largement les frontières belges. Le ras-le-bol des citoyens italiens a permis à Beppe Grillo de faire entrer 159 membres – plus ou moins folkloriques – de son mouvement au Parlement. Celui des Français permet à Marine Le Pen de cartonner et de se placer pour 2017.

Pas étonnant, dès lors, qu’à la question posée dans notre sondage sur la présidente du Front national, la réponse soit pour le moins interpellante. Soyons clairs : il ne s’agit pas d’un sondage sur les intentions de vote de l’extrême droite, heureusement anecdotique aujourd’hui en Belgique francophone, mais d’une question d’actualité sur l’attrait que pourrait exercer une personnalité comme Le Pen chez nous.

A tous ceux qui pensent que la solution aux problèmes actuels se trouve dans les extrêmes, on ne peut que répéter, une fois de plus, haut et fort, qu’il n’y a pas de réponse simple à des questions compliquées. Jamais.

Mais pour les partis traditionnels, ce sondage est un signe de plus, parmi tant d’autres, que l’heure est grave et que, sans réponse de fond aux questions des citoyens, il y a un terreau qui s’installe pour permettre une alternative populiste et caricaturale. Pléonasme.

 

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