Poursuite des affrontements armés en Macédoine après la mort de six policiers
Un policier macédonien est décédé dimanche des suites de ses blessures au Centre des urgences de Skopje portant à six le bilan des policiers morts dans ces affrontements, a-t-on appris de source médicale ayant requis l’anonymat.
La presse locale fait état d’un bilan encore plus lourd aussi bien parmi les forces de l’ordre que dans les rangs du groupe armé mais la police refuse de commenter « tant que l’opération est en cours ».
Des hélicoptères des forces de l’ordre survolaient Kumanovo et des tirs sporadiques d’armes automatiques résonnaient dimanche dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale Skopje qui a été samedi le théâtre de scènes de guérilla urbaine.
Des troupes d’élite, des transports de troupes blindés, des policiers casqués et portant des gilets par balles ont bouclé le quartier à majorité albanaise musulmane où sont retranchés les membres du groupe.
Les combats de samedi ont également fait une trentaine de blessés parmi les policiers et un nombre indéterminé de morts dans les rangs du groupe armé.
Ce groupe est « venu d’un pays voisin », a indiqué la police sans l’identifier, mais la presse locale affirme qu’il s’agit du Kosovo majoritairement albanais.
En Macédoine, pays de 2,1 millions d’habitants, en majorité slaves orthodoxes et ou la minorité albanaise musulmane représente un quart de la population, ces affrontements réveillent la crainte d’un conflit tel que celui qui a opposé pendant six mois en 2001, les autorités aux rebelles albanais qui réclamaient davantage de droits au sein de la société.
Un pays en proie à une grave crise
Candidate à l’adhésion à l’UE depuis dix ans, cette ex-république yougoslave est en proie à une grave crise politique – qui oppose depuis des mois les principales formations slaves –, l’opposition de gauche accusant le pouvoir conservateur de corruption et de la mise sur écoute de 20.000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux.
Selon la ministre de l’Intérieur, Gordana Jankuloska, à Kumanovo, « la situation sur le terrain est toujours très délicate ».
Des dizaines d’habitants ont fui le quartier où se déroulent les affrontements et dimanche les rues de la ville étaient presque désertes.
« Nous sommes pauvres mais nous vivions en paix », murmure Adila, la soixantaine, une femme d’origine albanaise.« On n’a pas besoin de ces problèmes. On veut juste une vie meilleure pour nos enfants », ajoute cette mère de cinq enfants.
« Je suis en état de choc. Je veux que ça se termine vite et qu’on puisse continuer à vivre en paix », a dit de son côté Aneta, 45 ans, professeur de littérature macédonienne.
Par ailleurs, la ministre de l’Intérieur, a précisé qu’une vingtaine de membres de ce groupe s’étaient rendus aux forces de l’ordre, samedi en fin d’après-midi, mais que nombre d’entre eux refusaient de le faire et continuaient de résister. La ministre n’a pas donné davantage de détails.
Les affrontements de Kumanovo sont intervenus après que le 21 avril un groupe armé d’Albanais venus du Kosovo a brièvement pris possession d’un petit commissariat de police à la frontière nord de la Macédoine, réclamant la création d’un État albanais sur le territoire de cette ex-république yougoslave.
À Skopje, les autorités ont appelé la population au calme et proclamé dimanche deux jours de deuil national.
Alors que la Serbie renforçait ses troupes aux frontières, l’Albanie et le Kosovo, ont lancé des appels au calme, Pristina demandant « à toutes les parties de trouver une solution par la voie du dialogue politique ».