Un an après les élections: un gouvernement dopé par ses étrangetés

Notre éditorialiste Béatrice Delvaux revient sur sept mois de suédoise, dans le cadre de notre dossier du week-end, consacré à l’anniversaire des élections fédérales du 25 mai 2014.

Editorialiste en chef Temps de lecture: 3 min

Un an après les élections, sept mois après la formation du gouvernement Michel, la plus grande révolution qui s’est produite depuis, reste l’existence-même de cette coalition inédite, dont chacun, même ceux qui sont dedans, reconnaît aujourd’hui encore qu’elle était kamikaze. Certains membres de gouvernement se pincent d’ailleurs en constatant que cet attelage – un seul parti francophone et trois partis flamands dont un séparatiste –, tient toujours.

Solide, la Suédoise? On verra mais à ce stade, elle tient sa force de survie de son étrangeté même : aucun des partenaires n’a intérêt à faire tomber ce gouvernement. Le deuxième élément clé tient dans la détermination et la volonté farouches de son Premier ministre, Charles Michel de faire durer et de réussir son pari. Le jeune libéral a posé un acte très transgressif il y a sept mois et il sait que son seul sourire de bonheur, ne suffira pas devant l’électeur. Il fait donc tout pour obtenir des résultats. Il a décidé de s’entendre avec Bart De Wever, et de faire émerger les consensus en les accouchant lui-même.

A lire : Charles Michel: «Je me suis trompé sur la N-VA»

Paradoxalement, son parti est aidé dans l’aventure par les guéguerres qui agitent ses trois partenaires flamands : en exigeant d’imprimer leur marque, ils font aboutir un cocktail de mesures moins déséquilibré et donc plus acceptable que le MR aurait pu le craindre.

A lire : Entre CD&V et N-VA, un froid suédois

Ainsi en est-il du CD&V qui – en lien étroit avec Charles Michel –, a permis de calmer en partie la rue. Le tandem Michel-De Wever joue, lui, sans se disputer jusqu’à présent, sa partition : le Premier ministre refuse de prendre ombrage de l’omniprésence politique du président de la N-VA, et celui-ci accepte de se rendre plus fréquentable.

Mais le vrai cadeau est venu de l’opposition. Elle devait être le premier clou du cercueil suédois, elle est devenue son meilleur allié : elle est en débandade. Et le sera d’autant plus si la croissance donne à Michel & Co ce petit coup de pouce du destin qui s’est refusé au gouvernement précédent.

Paradoxalement et contrairement à ce qu’il avait annoncé et à ce que d’autres avaient craint, ce gouvernement n’a pas (encore ?) mis le pays sens dessus dessous. Il s’inscrit en fait dans la continuité, en plus carré et plus assumé, du gouvernement Di Rupo. De grandes réformes ? On a les yeux rivés sur ce fameux tax shift.

A lire : Notre dossier sur le tax shift: oser la vraie grande réforme fiscale!

Le déficit d’équité dans les efforts demandés et la réalité de la sincérité de la N-VA sont deux enjeux qui pèsent toujours sur cette coalition. Michel dit qu’il agira sur le premier et qu’il croit à la seconde. Les deux restent à vérifier.

 

Le fil info

La Une Tous

Voir tout le Fil info
Sur le même sujet La UneLe fil info

Le meilleur de l’actu

Inscrivez-vous aux newsletters

Je m'inscris

À la Une